Les manifestations continuent à rythmer le quotidien d'au moins quatre peuples en Arabie. Du Yémen au sultanat d'Oman et de Bahreïn à l'Irak, les peuples du Moyen-Orient crient leur aspiration à des changements réels, susceptibles de concrétiser leurs droits à une vie meilleure. Ainsi, les Yéménites ont à nouveau envahi les rues dans des manifestations imposantes marquant ce qu'ils ont appelé le «jour de la colère». Les dizaines de milliers d'opposants au président Saleh se sont rassemblés dans plusieurs villes, dont Sanaa, la capitale. Des manifestations dédiées à la mémoire des 24 manifestants tués depuis le début de la contestation populaire fin janvier dernier.La veille, à l'occasion d'une réunion avec des dignitaires religieux et des chefs militaires locaux, le président yéménite avait accusé l'Etat hébreu et les Etats-Unis d'être à l'origine des troubles. «Tout vient d'Israël qui complote pour tenter de déstabiliser le monde arabe. Ces contestataires ne sont que des exécutants et des imitateurs. La tour de contrôle est à Tel-Aviv et elle est dirigée par la Maison-Blanche», a-t-il soutenu. Dans le nord du pays, partisans d'Ali Saleh et opposants se sont affrontés à coups de pierres et de bâtons. Au Sud, des affrontements ont opposé des séparatistes à l'armée. Au total, rapportent les agences de presse, une dizaine de personnes auraient été blessées et deux autres tuées.En Arabie saoudite, le roi, à peine rentré chez lui, amorce un important remaniement ministériel. Un remaniement annoncé par de hauts responsables aux agences de presse au moment où des appels à des réformes dans le royaume, sur la Toile, réclament dans leur grande majorité une monarchie constitutionnelle. Une pétition mise en ligne dimanche et signée par des intellectuels libéraux a appelé à la séparation des pouvoirs et l'adoption d'une Constitution, alors qu'une autre, signée par des islamistes, a réclamé que «le roi ne cumule pas le poste de Premier ministre». Au Bahreïn, la contestation est entrée dans sa troisième semaine ; des manifestations exigent un changement politique dans cet archipel à majorité chiite gouverné depuis plus de 200 ans par la dynastie sunnite des Al-Khalifa. A Mascate, capitale du sultanat d'Oman, des militants omanais ont commencé mardi soir un sit-in pour dénoncer la corruption, après une intervention de l'armée pour débloquer le port de la ville industrielle de Sohar, au nord de la capitale, agitée par quatre journées de contestation. Les riches pays du Golfe envisagent de lancer une sorte de plan Marshall pour aider Bahreïn et Oman, membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), en proie à des troubles, susceptibles de se propager comme une traînée de poudre dans des monarchies qu'on pensait à l'abri de ces mouvements. Selon l'influent quotidien koweïtien al-Qabas, les pays du CCG pourraient tenir un sommet pour annoncer cette aide aux deux pays les moins favorisés de ce groupement régional. Le CCG comprend, outre Bahreïn et le sultanat d'Oman, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar et le Koweït, qui ont amassé environ 1 350 milliards de dollars de plus au cours des dernières années en raison de la hausse des prix du pétrole, selon les estimations. Le programme en discussion par les pays du Golfe vise à «améliorer les conditions économiques et sociales dans ces deux pays, créer des emplois et moderniser les services publics», selon al-Qabas. Il recommande également que les demandeurs d'emploi omanais et bahreïnis aient la priorité dans les quatre autres pays du Golfe. Le journal ne donne pas d'estimation chiffrée pour ce programme d'aide. G. H.