Enfin apparaît, dans notre monde d'aujourd'hui, ce que l'on pourrait nommer, dans un langage quelque peu réaménagé, la contradiction principale, qui ne tient pas à ces déterminations trop ethnocentristes de «choc des civilisations», «disparités culturelles», «différences de cultures», toujours trop marquées de trop d'apparences, réductions de l'histoire à des formulations différencialistes et identitaires, mais bien à l'affrontement de plus en plus explicite entre le pouvoir politique d'un seul et d'une oligarchie, la tyrannie, et les pouvoirs de plusieurs répartis dans des sociétés d'alliances, de réciprocités, de reconnaissances, et la démocratie. Et, cet affrontement pourrait ressembler à certaines intrigues, propos des Fables de La Fontaine, de Kalila wa Dimna, ou bien des Mille et Une Nuits dont les morales, les pointes pourraient avoir l'allure, l'écriture de celles-ci : les ministres et le roi ayant eu connaissance des rumeurs qui annonçaient que des manifestations allaient encore, sans doute, se produire, et, comble, se reproduire, dans le pays de leur souveraine gouvernance, et ceci, à cause d'un manque devenu trop intolérable de liberté, de trop grandes différences sociales injustifiées entre les personnes, familles citoyennes, citoyens, vivant dans le même pays et non un autre, des manifestations que l'on disait, aujourd'hui - à cause d'un ras-le-bol de terrorisme d'Etat ou autres, de guerres, de surveillances, disparitions, enlèvements, tortures souvent - «pacifiques», ce qui voulait dire «non armées», que croyez-vous que ministres et roi firent, après que différents types de rapports les eurent assurés de la réalité et de la vérité de ces rumeurs de manifestations immédiates et futures, que croyez-vous qu'ils firent, au lieu d'accueillir ces manifestations que l'on disait «minoritaires» et «pacifiques», au lieu de les accompagner et de les reconnaître dans leurs droits et opportunités de manifestations, au lieu de faire en sorte que les revendications portées par les manifestantes et manifestants soient acceptées, comprises, entendues, au lieu de venir à leur rencontre et leur proposer de construire de façon nouvelle, constitutionnellement s'entend, un pays où des manifestantes, des manifestants, nées, nés, «en majorité», cette fois, il y avait à peine trente années, réclamaient de plus favorables, nécessaires, participations aux biens, activités, valeurs, fruits, richesses, pensées, droits, de ce qui s'appelait encore aujourd'hui, un Etat - non pas un empire - une nation où, elles-mêmes et eux-mêmes, les manifestantes et les manifestants encore, malgré toutes sortes de répressions précautions, vivaient…Eh bien, que croyez-vous qu'ils firent, au lieu d'anticiper, d'accepter les différents changements annoncés, de ne plus s'en tenir à ce qu'ils avaient toujours fait depuis ces trente dernières années, si peu glorieuses en leur gouvernance, sans vergogne aucune, sans envisager d'autres pensées que celles qu'ils avaient connues durant tout ce temps : «Un peu de répression, toujours plus de répression» qui, par son développement finissait par couvrir l'ensemble des lieux habités, les routes, aussi bien nationales que communales, les petits chemins de campagne, et, au-delà, les grands axes routiers qui, tous, s'ils menaient aux entrées de la grande ville, la capitale, pouvaient, aussi bien, en interdire l'accès…Selon d'autres rumeurs, plus gouvernementales qu'issues des manifestations de rue, il paraîtrait que les trains, aussi, seraient interdits de circulation ; ce qui, tout de même, peut paraître assez étrange…Mais, bien opportunément, il n'est pas de peuple qui, malgré certaines stances, passages, moments tyranniques, ne soit sensible à la démocratie, pour autant que, selon une logique de l'anti-destruction, toute tyrannie sollicite son Autre pour faire barrage à une démesure sans fond tout aussi impossible. N. F. *Nabil Farès, écrivain, psychanalyste, dernier livre paru : Il était une fois… l'Algérie, conte roman fantastique, janvier 2011, Ed. Achab, Tizi Ouzou, Algérie.