Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Depuis sa création, Tlemcen a été un centre de convergence pour les étudiants en sciences et en arts, mais nul ne peut aujourd'hui connaître son histoire globale ni compter tous les savants qui y ont vécu ou y sont passés avant d'aller vers les grands centres de science et d'érudition. Certains d'entre eux se sont établis un temps et ont enseigné dans les écoles de Tlemcen.Ainsi, le film documentaire Tlemcen, Echajara ettayeba (Tlemcen, l'arbre béni) fait partie d'un ensemble de films qui seront projetés lors de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». Selon le réalisateur Rabah Laradji, ce film n'est pas franchement un documentaire, mais une semi-fiction de 52 min dont la première partie est consacrée à Abderrahmane et son frère Aïssa qui étaient connus sous l'appellation de «Fils de l'imam». «Ils ont été les premiers d'une grande lignée de personnalités scientifiques algériennes qui a pris son essor à l'époque des Zianides et dont le savoir se répandit dans tout le monde musulman par l'intermédiaire de leurs descendants et de leurs disciples», indique-t-il.Le réalisateur soulignera que «ces deux frères ont été les premières racines de cet arbre béni de connaissances à Tlemcen dont les ramifications donnèrent naissance à un autre Tlemcénien, le grand savant Abdelkader El Medjaoui, au milieu du XIXe siècle». Né à Tlemcen en 1818, El Medjaoui étudia à Fez et poursuivit ses études à Constantine, ville réputée à l'époque pour être un sanctuaire du savoir, puis il compléta sa formation à Alger. Il est considéré comme un pilier de l'enseignement ayant formé beaucoup de personnalités du monde culturel et scientifique. «L'idée que la réforme en Algérie venait d'Orient est complètement erronée d'après le célèbre penseur Malek Benabi qui rétablit la vérité historique en affirmant que les réformistes sont issus d'Algérie, notamment avec le cheikh Abdelkader El Medjaoui dont les écrits publiés dans plusieurs pays sont hélas perdus aujourd'hui», fera-t-il remarquer pour ajouter : «Le grand mérite d'El Medjaoui vient du fait qu'il a transmis son enseignement aux leaders du mouvement scientifique en Algérie, dont Hamdane Lounissi, l'un de ses disciples qui forma à son tour d'autres penseurs algériens, notamment les célèbres cheikh Ben Badis et cheikh El Ibrahimi qui furent les fondateurs de Djamîate el ouléma… On peut aussi citer le cheikh Ben Tebani qui transmît ce savoir aux érudits, au sein même de La Mecque et qui prodigua son enseignement aux savants de tout le monde musulman.» Selon M. Laradji, son film n'est pas exhaustif. Il doit aussi susciter plus de réflexion sur la culture islamique à Tlemcen afin d'approfondir les recherches sur l'apport et la contribution des deux frères, les Fils de l'imam, à l'époque zianide et dont le savoir nous parvint grâce au cheikh El Medjaoui. Le film peut donc être considéré comme une jonction visant à restituer l'histoire de cette ville et des grands savants qui ont participé à son écriture.Rabah Laradji est né en 1943 à Borj Benaïm. Il a fait des études cinématographiques à l'INC de Ben Aknoun, aujourd'hui disparu. A partir de 1966, il réalise plusieurs courts métrages. Il contribue à la réalisation d'un épisode du film de fiction collectif Histoires de la révolution (1969) et co-réalise le documentaire collectif Pour que vive l'Algérie (1972). Un toit, une famille (1982) sera son premier long métrage.Compte tenu du nombre important de films prévus à l'occasion de la manifestation, le département Cinéma envisage la programmation de leur projection en salle sur tout le territoire national. A Tlemcen et en avant-premières en présence des réalisateurs à raison de 3 à 4 documentaires par mois durant toute l'année et dans les wilayas limitrophes (Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbès, Mascara, Oran, Mostaganem et Saïda). Les films seront ensuite projetés à Alger dans les salles Ibn Zeydoun et El Mouggar.