Photo : Riad Par Amel Bouakba Bien qu'il soit la copie conforme du princeps, le médicament générique continue d'être boudé parce qu'estimé moins fiable. Pas moins de 33 producteurs de générique ont tenté de convaincre sur l'efficacité de ce médicament durant la 2ème édition du salon international du médicament générique, alGeneric, organisé du 15 au 18 mars au palais des expositions. L'Algérie a adopté toute une batterie de mesures visant à encourager la production locale et le générique afin de réduire la facture faramineuse des importations. La loi oblige désormais les laboratoires à passer de la phase d'importation, de distribution et de conditionnement des médicaments à celle de la production. Les résultats de cette politique commencent à se faire sentir. La production nationale est passée de 28% en 2009 à 38% en 2010. La consommation de médicaments génériques en Algérie est, quant à elle, en «constante évolution» et touche plus de 30% des patients traités, d'après des statistiques récentes. Mais beaucoup reste à faire, de l'avis des nombreux laboratoires rencontrés lors du salon du générique. Entre le discours officiel et la réalité, il y a tout un monde. Les responsables de Genericlab, d'Ival Pharma, Biocare, etc. estiment que le débat sur les réticences face au générique n'est pas propre à l'Algérie. Selon eux, la promotion de ce médicament, qui n'a rien à envier au princeps, nécessite l'implication des médecins et des pharmaciens. Des campagnes de sensibilisation doivent être initiées de façon régulière pour inciter les médecins à privilégier ce type de médicament moins coûteux et tout aussi efficace que le princeps (molécule d'origine). Les laboratoires nationaux évoquent, d'autre part, de nombreux obstacles. Le docteur Zoheir Benadel, responsable auprès de Genericlab, parle «de tracasseries administratives qui entravent la promotion du générique, notamment en ce qui concerne l'enregistrement du médicament et sa mise sur le marché». Notre interlocuteur réclame plus de flexibilité administrative et davantage de mesures incitatives. Les laboratoires génériqueurs parlent aussi «de concurrence déloyale» de la part des laboratoires étrangers et du lobby pharmaceutique qui veut garder le monopole sur le secteur très rentable du médicament. «Concernant la pénurie de certains médicaments, notamment les anti-cancéreux, que certains veulent attribuer à la loi interdisant l'importation de médicaments déjà fabriqués localement, nos interlocuteurs qualifient cette situation d'amalgame». Selon eux, «les produits manquants ne sont pas touchés par l'interdiction. or, on veut faire porter le chapeau aux producteurs locaux, ce qui est totalement inconcevable.» De nombreux laboratoires nationaux, comme Ival Pharma, veulent investir dans les anti-cancéreux, des médicaments qui connaissent des pénuries répétées et qui mettent la vie de centaines de malades en danger. M. Charef Stambouli, l'un des représentants du groupe pharmaceutique Ival, fait part du lancement d'une usine de production de médicaments anticancéreux en 2012. Evoquant les mesures visant à encourager le générique, notre interlocuteur citera celle concernant la révision de la marge bénéficiaire de ce médicament. Une revendication brandie depuis des années par le syndicat des pharmaciens et qui semble avoir trouvé l'écho auprès des pouvoirs publics. Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a annoncé, lors de l'ouverture du salon, la prochaine révision de la marge bénéficiaire du médicament générique, et ce, pour une meilleure maîtrise des coûts de ce type de médicament. Selon le ministre, «une campagne de sensibilisation et d'explication sur le médicament générique est prévue prochainement par le ministère, en collaboration avec le Syndicat national algérien des pharmacies et officines [SNAPO], en direction des médecins, pharmaciens, laboratoires et producteurs de médicaments génériques». Après avoir été absent lors de la 1er édition de alGeneric, le groupe Saidal, fleuron de l'industrie pharmaceutique algérienne, est l'un des exposants remarqués de ce salon. Le groupe pharmaceutique public doublera sa production, d'ici fin 2013, grâce à son programme de modernisation et de développement mis en œuvre récemment, tels le diabète, l'hypertension cardiovasculaire, l'hypertension artérielle, les maladies neuropsychiatriques et les maladies liées au stress. Leader dans la production du générique en Algérie, Saidal, dont le dernier chiffre d'affaires a enregistré une croissance de 8%, est le premier producteur national avec «une part du marché du médicament de 6%». Le groupe commercialise actuellement 170 produits génériques appartenant à une vingtaine de classes thérapeutiques et s'est également lancé dans la production du vaccin destiné pour l'hépatite, jusque-là importé. A. B. A propos du médicament générique Le médicament générique est la copie du médicament original qui ne bénéficie plus d'une exclusivité commerciale (levée du brevet d'invention). Il est destiné à se substituer au médicament original. Il a la même composition qualitative et quantitative du principe actif, la même forme pharmaceutique, et sa bioéquivalence avec la spécialité de référence a été démontrée par des études de biodisponibilité appropriées. Le principal avantage du générique est son coût. En moyenne, le prix d'un générique est 30 % inférieur à celui de l'original.