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Abdelaziz Bouteflika annonce des réformes plus profondes Répondant à ceux «qui nourrissent des sentiments de rancœur et d'animosité à l'encontre de l'Algérie»
Photo : Riad Par Hasna Yacoub «On ne peut absolument pas comparer la situation de l'Algérie à celle d'aucun autre pays», a affirmé hier le président de la République dans un message adressé aux participants à une conférence célébrant la fête de la victoire à Mostaganem. Cette phrase, dite dans un contexte bien précis, celui des luttes menées par le peuple algérien depuis l'ère de la colonisation, a tout son sens en ces temps où se multiplient les analyses et les hypothèses prédisant, à l'ère de la révolte dans les pays arabes, une marée qui va emporter l'Algérie. Le chef de l'Etat poursuit en disant : «Il n'échappe à personne qu'en relevant l'immense défi durant les périodes d'occupation, de lutte et de révolution, notre peuple a acquis une haute stature, une grande fierté et un attachement sans borne à sa liberté, à sa souveraineté et à sa grandeur. Il lutte avec opiniâtreté à taire ses souffrances et à s'engager, corps et âme, dans le combat face aux épreuves. Il en sort, chaque fois, plus confiant, plus conscient des réalités et plus fort pour affronter les défis.» Se voulant encore plus clair, le chef de l'Etat a dit : «En dépit des commentaires des uns et des autres quant à la fidélité des Algériens dépositaires du legs des chouhada et des moudjahidine qui ont consenti d'énormes sacrifices, il demeure que la ligne générale adoptée par l'Etat algérien moderne est puisée dans la Déclaration du 1er Novembre et ses documents fondamentaux.» Quant au changement, le président de la République précise que «la question du changement et de la réforme était l'une des bases essentielles sur lesquelles ont été arrêtés les différents programmes mis en œuvre depuis plus d'une décennie». Il explique ensuite que tous les programmes quinquennaux qui se sont succédé et ont englobé les réformes administrative, judiciaire, financière et autres domaines n'ont été qu'un prélude à la réforme globale visant à changer l'image de l'Algérie dans tous les domaines. C'est donc de Mostaganem et à travers un message lu en son nom par son conseiller, le jour de la fête de la victoire, que le chef de l'Etat a décidé de répondre aux «commentaires des uns et des autres» et d'annoncer de prochaines réformes plus profondes qui vont «changer l'image de l'Algérie». En affirmant que tous les changements opérés jusque-là n'ont été qu'un prélude, le Président a explicitement et formellement fait part des grandes mutations qui vont s'opérer prochainement dans tous les domaines, notamment sur le plan politique. En effet, comme l'a assuré le Président, «[…] une nouvelle page ouverte sur la voie des réformes globales que j'ai citées, et qui ne sauront être fructueuses en l'absence de réformes politiques. Ainsi, l'édification matérielle en cours de réalisation va sans nul doute de pair avec l'édification politique qui vise la construction d'un pays fort, d'un Etat fort avec des citoyens forts». Abdelaziz Bouteflika a assuré que «toutes ces démarches [sont] appelées à s'élargir davantage avec l'avancement de la mise en exécution du programme quinquennal actuel» et qu'elles «sont pour nous une occasion historique pour réaliser l'ensemble de nos aspirations». Des ambitions réalisables aujourd'hui grâce «à la sécurité et à la stabilité ainsi qu'aux recettes pétrolières du pays». Allant dans le détail, le chef de l'Etat a explique que la liberté du peuple algérien «payée de son sang» est perceptible aujourd'hui à la faveur du pluralisme médiatique, politique et parlementaire. «Une liberté que nous œuvrons sans cesse à ancrer et approfondir, avec tout ce que cela implique comme défis actuels et futurs, afin d'assurer la sécurité et la stabilité et de réaliser le développement socio-économique dans tous les domaines», a-t-il assuré, ajoutant que cette liberté ne saurait être totale que par l'instauration d'une justice sociale quant aux besoins sociaux pressants tels que le logement, l'emploi, l'enseignement, la santé, les activités culturelles et les loisirs. Affirmant que l'Algérie peut s'enorgueillir de ses réalisations dans ces domaines, le président Bouteflika a indiqué que l'Etat est aujourd'hui plus que jamais attaché à réaliser un développement global et diversifié pour mettre fin à la culture de dépendance aux autres pays qui n'hésitent pas à se livrer à la manipulation du marché interne par la spéculation, le monopole et la pénurie et en incitant fraudeurs et usuriers à mettre en péril la sécurité des peuples et à les entraîner dans un engrenage de violence dévastatrice. En s'adressant à la jeunesse, le chef de l'Etat commence par s'engager à prendre en charge cette catégorie autant que les catégories sociales vulnérables, avant d'exprimer un souhait : «L'indépendance née de la révolution armée doit rester une doctrine pour les Algériennes et Algériens et un acquis qu'ils doivent défendre non pas à travers la glorification du passé, mais par la mobilisation des énergies, notamment en milieu de jeunes, la sauvegarde du legs culturel et révolutionnaire de notre peuple, l'unification des rangs et l'attachement aux idéaux afin de barrer la route à tous ceux qui nourrissent des sentiments de rancœur et d'animosité à l'encontre de notre pays.» Pour aller vers ce développement et ces changements tant souhaités, il faut, insiste le Président, «discernement, sérénité et perspicacité afin que cette approche de développement aux dimensions et objectifs multiples porte ses fruits et afin de nous permettre de barrer la route à ceux qui sont à l'affût de toute situation de crise». L'Etat continuera d'œuvrer à la réunion de tous les facteurs favorisant le développement et le progrès et à la prise en charge des préoccupations sur tous les plans (investissement, chômage, formation professionnelle, insertion des diplômés, concept des postes provisoires et des indemnités…), a assuré Abdelaziz Bouteflika qui a conclu que «la levée de l'état d'urgence est un pas nouveau franchi par le pays sur la voie de l'élimination de toutes les conséquences induites lors des années noires mais aussi une nouvelle page ouverte sur la voie des réformes globales que j'ai citées, et qui ne sauraient être fructueuses en l'absence de réformes politiques».