Une délégation de cinq personnes représentant les militaires contractuels radiés des rangs de l'ANP a été reçue hier au siège du ministère de la Défense nationale (MDN), où elle a réitéré ses revendications liées essentiellement à l'octroi de divers avantages sociaux, ainsi que la réintégration et la réhabilitation des militaires radiés pour «invalidité non imputable au service». Cela fait suite à un rassemblement tenu par environ 150 anciens contractuels de l'Armée nationale populaire (ANP) radiés, venus de plusieurs wilayas du pays, au cours duquel certains, traînant des jambes de bois, d'autres en fauteuil roulant, ont crié leur désespoir devant le siège du MDN à Alger, en brandissant des banderoles et des pancartes interpellant les pouvoirs publics sur leurs difficiles conditions socio-économiques. «Nous demandons au ministre de désigner une commission», lit-on sur l'une des pancartes hissées au-dessus de la tête d'un des manifestants. Les ex-militaires, décidés plus que jamais à faire entendre leurs voix, et las d'attendre, ont affirmé vouloir «attendre des décisions fermes». «Cela fait trois ans qu'on attend. Aujourd'hui, on n'est pas prêts à écouter des promesses, comme par le passé.» Bien qu'entourés de nombreux éléments de police antiémeute, les protestataires n'ont pas voulu quitter les lieux sans des engagements de la part de leur ancienne tutelle. Ils rappellent avoir déjà été reçus par des responsables au niveau du MDN, qui leur ont promis d'étudier leurs doléances, mais «rien n'a été fait», ont-ils déclaré. Les avis étaient, en fait, partagés beaucoup plus sur la répartition de la délégation devant être reçue au MDN, avant qu'un certain Salah, qui paraissait jouir de l'estime de ses pairs, ne propose que la délégation en comprenne un de chaque catégorie : les «résiliés», «blessés et amputés», et «malades chroniques», etc. un échantillon d'anciens militaires, qui se considèrent comme des «laissés-pour-compte», comme l'a affirmé Ahmed, originaire de Mila, lui-même blessé lors d'une opération antiterroriste. Il dira vouloir une prise en charge à la hauteur des sacrifices consentis pour sauver le pays. «Depuis notre radiation, la plupart de nous chôment. Nous n'avons bénéficié d'aucun droit, ni pensions, ni logements. Nous ne touchons même pas 3 000 DA en guise de pension, alors que les terroristes sont mieux considérés que nous et ont bénéficié de tous les avantages», lâche-t-il avec amertume. Un autre ancien militaire contractuel se plaint : «On m'oblige à faire le déplacement jusqu'au centre de Bouchaoui, alors que j'habite Guelma, pour faire une prothèse du pied». Les radiés ont, lors d'une correspondance adressée aux hautes autorités militaires du pays, réclamé «la réintégration dans les rangs de l'ANP, et la réparation matérielle des années de services et toutes les précédentes années qui ont suivi la radiation et leur comptabilisation dans l'âge de la retraite». En plus du bénéfice de l'allocation de retraite anticipée avec effet rétroactif, ils ont revendiqué des primes et revalorisations ainsi que des avantages de la carte de Sécurité sociale des militaires. Enfin, ils demandent «la réhabilitation pour ceux ayant été traduits devant les juridictions militaires, avec compensation matérielle, et priorité dans la réintégration et l'accès aux postes d'emploi civils sans concours». A. R.