La tournée maghrébine de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, s'inscrit avant tout dans le registre de la campagne de lutte contre le terrorisme menée par la puissance américaine depuis le tournant historique du 11 septembre 2001. La paix et la sécurité dans le monde auront ainsi été au cœur des entretiens de Rice avec les dirigeants des quatre pays maghrébins ayant constitué les escales de cette tournée. A quelques semaines de la fin de son mandat, l'équipe dirigeante de la Maison-Blanche fait montre de son insistance à mener jusqu'au bout sa bataille contre le terrorisme transnational et à signifier à quel point cette question relève de ses premières priorités. Dans cette optique, la tournée maghrébine de Rice illustre l'importance de la région d'Afrique du Nord, et plus précisément de l'Algérie, dans la conception et la mise en œuvre de la stratégie américaine visant à combattre ou, tout au moins, à maîtriser le phénomène planétaire que représente le terrorisme. A l'issue de son entrevue avec le président Bouteflika, la chef de la diplomatie américaine a loué la coopération qu'entretient son pays avec l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et a même relevé, à l'occasion, la clairvoyance du chef de l'Etat : «J'ai eu l'opportunité de bénéficier de la connaissance du président Bouteflika sur la région. Il est vraiment l'un des hommes les plus sages de la région, au Maghreb et même au-delà !» avait-elle tenu à préciser à la presse. Ce disant, elle n'en estimera pas moins que cette coopération peut être hissée à un niveau supérieur pour parvenir à des résultats plus probants. «Nos agents du contre-terrorisme pensent que notre coopération est bonne […]. Mais il est toujours possible de faire plus pour renforcer le partage d'informations, pour être sûrs que nous ayons les bons canaux, afin d'apporter un soutien technique en termes de menace terroriste», a ajouté la secrétaire d'Etat. Parce que la stabilité du Maghreb passe par la résolution du conflit qui affecte les relations algéro-marocaines et empêche la cohésion de cette entité régionale, la responsable américaine a tenu à mettre à profit son déplacement pour faire figurer sur sa feuille de route la question du Sahara occidental. A ce propos, il est évident que la secrétaire d'Etat américaine a eu à réentendre, lors de son escale algéroise, la position inébranlable de l'Algérie s'agissant du droit d'autodétermination du peuple sahraoui. De même que le plaidoyer du chef de l'Etat pour que les Etats-Unis pèsent de leur poids en vue de favoriser cette solution qui va dans le sens du respect de la légalité internationale. Que Condoleezza Rice affirme hier, et sur le sol marocain, «qu'il était grand temps de régler le conflit du Sahara occidental», cela suppose au moins que l'interpellation dont elle a fait l'objet de la part du président sahraoui n'est pas restée sans écho. Reste à savoir si la solution «mutuellement acceptable» qu'elle évoque est celle-là même que recommandent les différentes résolutions adoptées jusque-là par le Conseil de sécurité des Nations unies. Qu'il s'agisse de cette question ou de la lutte contre le terrorisme, l'Algérie est considérée comme un acteur clé et incontournable dans la région du Maghreb. Et même s'il est admis que ce sont ses intérêts suprêmes qui dictent sa conduite à la première puissance mondiale, rien n'empêche que des pays comme l'Algérie continuent à déployer des efforts diplomatiques dans le sens de la réhabilitation du droit et du respect des principes fondamentaux de l'humanité. M. C.