Photo : Sahel Par Samir Azzoug Les travailleurs du Trésor public maintenaient hier encore le mot d'ordre de grève illimitée. Pour le troisième jour consécutif, tous corps confondus de la Trésorerie centrale et de la Trésorerie principale d'Alger [TCA et TPA], ils ont gelé toute activité. «Personne ne s'inquiète de la perte de milliards de dinars par jour. Nous sommes conscients des dégâts. On ne voulait pas en arriver là, mais nos revendications sont légitimes. La vitrine du Trésor que nous sommes a été humiliée et insultée par le nouveau statut général qui nous a été réservé», dénonce un membre du comité ad hoc désigné par les travailleurs en l'absence de syndicat. «Nous commençons à subir des pressions pour reprendre le travail. Mais nous ne lâcherons pas avant la satisfaction de nos revendications. D'ailleurs, nous attendons que les travailleurs des autres bureaux et wilayas se joignent à notre mouvement», poursuit-il. L'objet du litige, selon les travailleurs grévistes, est le statut des travailleurs du Trésor paru au Journal officiel du 5 décembre 2010, le décret exécutif portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration du Trésor, de la comptabilité et des assurances. «Ce statut est une catastrophe pour nous. Il avantage les nouvelles recrues au détriment des promus qui ont des dizaines d'années d'expérience et de travail», déplore notre interlocuteur. Le 27 février 2011, après une demi-journée de débrayage, l'intervention du directeur de l'administration et des moyens du ministère des Finances avait calmé les esprits. Selon nos interlocuteurs, ce dernier avait promis de réserver un délai de 10 jours après la remise de la plateforme de revendications pour y répondre. Ne voyant pas les choses venir, les travailleurs ont décidé d'une grève illimitée. S'agissant de la plateforme de revendications, elle comprend un volet professionnel et un autre social. Pour le premier chapitre, les travailleurs de la TCA et TPA ont soumis une douzaine de propositions, dont la suppression de la condition de titre et diplôme pour la promotion au corps des inspecteurs mentionnés à l'article 6 du décret n° 10-298. Il s'agit également de la révision de la classification spécifique et des conditions prévues pour l'accès aux postes supérieurs et celle du grade d'inspecteur du Trésor. La révision des règles de classification des grades ayant subi des modifications profondes au niveau des identifications est également demandée. Le 11e point de la liste exige l'interprétation claire et la définition des dispositions contenues dans l'article 16 du décret exécutif portant statut particulier des agents du Trésor. Quant au 12e et dernier point, il met l'accent sur la formation des agents du Trésor. «La formation a disparu depuis plus de 10 ans. Il y a également le problème des postes budgétaires. Les postes existent de temps en temps. Mais depuis 2007 il n'y a pas eu d'examens. On recrute des ‘'chouchous'' sur listes d'aptitude», dénonce l'un des grévistes. Le deuxième chapitre relatif aux revendications sociales et aux moyens techniques d'exercice du travail concerne essentiellement le régime indemnitaire. Il compte neuf points. De l'application des dispositions de l'article 03 du décret exécutif n°03/178 du 15 avril 2003 portant condition d'octroi de prêts aux fonctionnaires pour acquisition de véhicules neufs à la révision de la répartition des parts fixées au titre du fonds de revenus complémentaire, de la prise de mesure et accélération des opérations pour la mise en place du régime indemnitaire des fonctionnaires du Trésor, les revendications sont nombreuses. Il y a deux points essentiels, selon nos interlocuteurs, dans ce chapitre. Il s'agit des propositions concernant les indemnités. Il est demandé une indemnité de maîtrise comptable servie mensuellement au taux de 70% pour toutes les catégories avec un taux unifié. Une indemnité de contrôle et de vérification proposée à 40% pour toutes les catégories professionnelles. Et une troisième de responsabilité personnelle et pécuniaire à hauteur de 20%. Il est également revendiqué l'institution d'une prime individualisée de départ en retraite à un niveau de 500 000 DA.