Le Pakistan subit une série d'attentats meurtriers, faisant des dizaines de morts et de blessés. Hier, un kamikaze a fait exploser sa bombe à un arrêt de bus, tuant au moins sept personnes dans le nord-ouest du Pakistan. Le pays est en proie à une vague meurtrière d'opérations kamikazes perpétrés par les talibans présumés alliés à El Qaïda. La cible était le chef d'une milice tribale antitalibane. Il s'agissait du sixième attentat suicide en six jours, dont l'un a fait, dimanche dernier, au moins 50 morts dans un mausolée soufi. L'attaque d'hier a été perpétrée à un terminal de bus à Jandol, dans le district de Lower Dir, non loin des zones tribales. Ces dernières restent difficilement contrôlables par le gouvernement pakistanais. Les régions tribales sont une zone de 27 220 km⊃2; située au nord-ouest des quatre provinces du Pakistan. Depuis 2004, cette région est l'épicentre du conflit armé du nord-ouest du Pakistan qui oppose l'armée pakistanaise à divers groupes islamistes insurgés, dont les talibans. Ces derniers ont souvent recours pour leurs attentats suicides à des adolescents qu'ils entraînent dans leurs camps des zones tribales. Plus de 4 200 personnes ont été tuées en trois ans et demi dans tout le Pakistan par une vague de plus de 450 attentats (suicides pour la plupart) perpétrés par des insurgés fondamentalistes. Dimanche dernier, deux kamikazes à pied ont fait exploser leurs bombes à l'entrée du mausolée d'un saint soufi bondé dans le district de Dera Ghazi Khan, centre du pays, là aussi non loin des zones tribales. L'attentat a causé un carnage. Au moins 50 personnes ont péri, dont des femmes et des enfants. L'attaque visait des centaines d'adeptes venus se recueillir sur la tombe de Sakhi Sarwar, un saint soufi du XIIIe siècle. Les victimes étaient essentiellement des fidèles. Des centaines de personnes se trouvaient dans et aux abords du mausolée. Les tueries sur fond de religion sont fréquentes au Pakistan, un pays à la composition multiethnique complexe. Les institutions et les forces de sécurité sont mises à rude épreuve pour faire échouer les attentas notamment dans les lieux publics. Les insurgés sunnites multiplient, ces derniers temps, les attentats visant les civils, en particulier les minorités musulmanes, dont les chiites (20% de la population), et les adeptes du soufisme, deux écoles de pensée de l'islam qu'ils considèrent comme impies et hérétiques. L'attentat de Dera Ghazi Khan, comme celui de Jandol, n'a pas encore été revendiqué, mais de nombreux autres, ayant visé les chiites et les soufis, l'ont été ces derniers mois par les talibans ou des groupes alliés. L'attaque d'hier est le cinquième attentat suicide en cinq jours au Pakistan. Les militants talibans, qui en sont à l'origine, proclament qu'ils sont perpétrés en réponse aux attaques des avions sans pilote américains bombardant régulièrement les fameuses zones tribales du nord-ouest du pays, lesquelles constituent leurs sanctuaires. Les Etats-Unis ne reconnaissent pas leur responsabilité dans ces bombardements sur le territoire pakistanais, et les autorités pakistanaises sont incapables d'assurer la sécurité et leur souveraineté sur ces zones tribales. M. B.