La mobilisation pour le départ du président Ali Abdallah Saleh ne faiblit pas au Yémen. Des dizaines de milliers de manifestants ont réitéré, hier, leur exigence de voir le président Ali Abdallah Saleh quitter le pouvoir qu'il garde depuis trente-deux ans. Ce dernier est accusé par son général démissionnaire, qui a rallié les rangs de l'opposition, Mohssen Al Ahmar, d'avoir tenté de l'assassiner. Commandant de la région nord-est et de la première division blindée de l'armée yémenite, le général Ali Mohsen Al Ahmar, qui s'est rallié le 21 mars dernier au mouvement de contestation, a accusé franchement le chef de l'Etat d'avoir cherché à l'éliminer lors d'un guet-apens sanglant mardi dernier à Sanaa. Dans un communiqué de presse, il a expliqué que des émissaires tribaux se sont présentés au QG de la 1re division blindée qu'il commande et ont demandé à le voir pour une médiation entre lui et M. Saleh. Lorsqu'il s'est présenté à eux, des «individus de la garde du Président disséminés parmi ces émissaires ont brandi des armes et commencé à tirer dans sa direction ainsi que sur les émissaires tribaux», selon le texte. Fin mars, le général Al Ahmar avait promis de contribuer au départ de M. Saleh, après l'avoir «porté au pouvoir il y a trente-deux ans». Des dizaines de milliers de manifestants réclamant la fin du régime étaient de nouveau hier dans les rues à Taëz, tout comme à Aden, dans le sud du pays, où des milliers de protestataires ont manifesté et huit activistes arrêtés par la police. Sous pression notamment de Washington, son principal allié, M. Saleh a accepté une médiation des monarchies du Golfe qui ont invité son gouvernement et l'opposition «à une rencontre à Riyad pour une sortie de crise». Cette initiative, destinée à «préserver la sécurité, la stabilité et l'unité du Yémen», lui a été communiquée lundi dernier par les ambassadeurs d'Arabie saoudite, du Qatar et d'Oman, a rapporté, hier, l'agence officielle Saba. M. Saleh maintient qu'il ne peut céder le pouvoir que dans le cadre d'un processus constitutionnel après un retour au calme. Ses opposants disent, de leur côté, n'être prêts à discuter que de son «départ immédiat». Le regain de violence au Yémen a suscité de vives réactions dans le monde, notamment aux Etats-Unis. La Maison-Blanche a «condamné fermement l'usage de la violence par les forces gouvernementales». «Le président Saleh doit trouver une solution à l'impasse politique avec l'opposition pour qu'un changement politique digne puisse se produire à court terme de façon ordonnée et pacifique», a insisté mardi dernier son porte-parole, Jay Carney. Le New York Times avait affirmé, dimanche dernier, que le gouvernement américain était en train de retirer son soutien au président Saleh et de faciliter son départ. A Londres, le ministre des Affaires étrangères William Hague a sommé M. Saleh de «dire clairement qu'il est prêt à s'engager dès à présent dans un processus global de transition politique» et de mettre en place une «feuille de route en vue d'élections libres et équitables». Le ministère italien des Affaires étrangères a souhaité «l'amorce, au plus tôt, d'un dialogue constructif avec ceux qui réclament pacifiquement le début d'une nouvelle période de réformes». L'Union européenne a appelé, pour sa part, M. Saleh à entamer «sans délai» une transition politique. Amnesty International a mis en garde contre tout accord qui garantirait l'impunité aux responsables des violences ayant provoqué la mort de dizaines de manifestants, notamment lors du «vendredi noir», le 18 mars dernier, pendant lequel 52 protestataires ont été tués par balles. G. H.