La situation en Libye et les bruits de bottes d'Al Qaïda dans le Sahel poussent l'Algérie à réagir.Le ministre de l'Intérieur joint le geste à la parole. Daho Ould-Kablia a donc visité jeudi une commune emblématique de la lutte contre le terrorisme. En se rendant jeudi à In Guezzam, dans l'extrême sud du pays, le ministre de l'Intérieur a donc plusieurs visées en tête. La commune de In Guezzam, relevant administrativement de la wilaya de Tamanrasset, qui avait accueilli le président de la République mardi dernier, est frontalière du Niger. Mais dans cette contrée des Touareg, la Libye n'est jamais loin. Ses problèmes aussi.Le ministre de l'Intérieur est parti à In Guezzam pour parler développement. Mais aussi pour aborder les épineuses questions de sécurité. C'est pour cela qu'il a été accompagné, selon le communiqué du ministère de l'Intérieur diffusé jeudi dernier, par les autorités civiles et militaires de la wilaya. Daho Ould-Kablia a expliqué aux notables et responsables locaux la feuille de route du gouvernement qui, apparemment, a concocté un projet spécial pour rattraper le retard de développement de ces régions. Sauf que les propos tenus la veille par le même responsable convergent vers le renforcement du dispositif sécuritaire algérien le long de la frontière. Cela risque de coûter cher, mais l'enjeu en vaut la chandelle. Lors d'une conférence de presse donnée au siège de la wilaya de Tamanrasset, Daho Ould-Kablia a fait état d'une possible intrusion d'éléments d'Al Qaïda en Algérie. Pour cela, l'argument du ministre algérien est simple : des éléments terroristes ont profité du désordre libyen pour se réarmer et reprendre encore pied en Algérie. Pour parer à tout danger, l'Algérie «doit améliorer la sécurité à ses frontières» en raison de «la situation en Libye qui peut être exploitée par les ennemis», a dit Daho Ould-Kablia mardi dernier à Tamanrasset. Le soir même, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a répété pratiquement la même chose. Le ministre a évoqué la situation en Libye et «ses conséquences sur la sécurité et la stabilité des pays du voisinage et la présence de plus en plus remarquée d'Aqmi en Libye et la grande circulation d'armes de plus en plus constatée».Concrètement, les autorités algériennes avaient déjà annoncé avoir éliminé un «terroriste» entré de Libye. C'est pour cela que des sources militaires et des habitants des régions frontalières font état d'une présence militaire renforcée. Des avions de combat ainsi que des hélicoptères survolent la zone de manière continue. Outre des moyens aériens, du matériel au sol a été envoyé de plusieurs régions du pays. A cela s'ajoutent des milliers d'hommes, essentiellement des garde-frontières et des soldats d'élite, envoyés en renfort.Il faut dire que la situation en Libye n'est pas redoutée uniquement par les Algériens, puisque selon certaines informations, souvent démenties par les rebelles, même les pays de l'Otan commencent à mettre Al Qaïda dans la balance. A. B.