La médiation africaine pour une issue à la crise libyenne trouve le plus grand mal à concilier les antagonistes.La rébellion libyenne a rejeté la feuille de route de l'Union africaine, incluant un cessez-le-feu immédiat et le départ de Kadhafi. La délégation de médiateurs africains tente depuis quelques jours de trouver avec sa «feuille de route» acceptée par Kadhafi un compromis entre les protagonistes. Mais les insurgés réclament au préalable le retrait des forces gouvernementales et la liberté de manifester avant d'envisager tout arrêt des hostilités. Le Conseil national de transition (CNT) a également exigé la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues depuis le début du soulèvement populaire contre le régime Kadhafi. La délégation de médiateurs de l'Union africaine, qui a rencontré la veille à Tripoli le colonel Kadhafi pendant plusieurs heures dans sa résidence de Bab el-Aziziya, devrait convaincre les insurgés de la nécessité de se mettre autour de la table des négociations. La délégation de l'UA, composée du Sud-Africain Jacob Zuma, du Malien Amadou Toumani Touré, du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, du Congolais Denis Sassou Nguesso, et du ministre ougandais des Affaires étrangères, tente une conciliation afin de mettre fin à la voie des armes. La médiation était venue plaider en particulier pour un arrêt des combats qui déchirent le pays. La «feuille de route» prévoit à cet effet la «cessation immédiate des hostilités», la facilitation de l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations et le lancement d'un dialogue «entre les parties libyennes» en vue d'une période de transition, selon le commissaire à la Paix et la Sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra. Les membres du groupe de contact sur la Libye, mis en place à Londres fin mars, doivent également se réunir demain à Qatar pour tenter d'ébaucher une solution à la crise. Ils devront tenir compte des limites du mandat de l'ONU qui a autorisé, pour des raisons humanitaires, l'intervention armée lancée le 19 mars, et de l'absence d'une direction crédible de l'insurrection libyenne. Sur le terrain, les combats dans et autour de la ville d'Ajdabiya ont fait au moins 12 morts et 17 blessés. Hier, pour la deuxième journée consécutive, les forces gouvernementales ont bombardé des zones sous contrôle des insurgés. Dans l'ouest du pays, les combats ont fait au moins 11 morts à Misrata, ville assiégée et bombardée depuis un mois et demi. Sur le plan humanitaire, la situation devient de plus en plus difficile. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé son inquiétude au sujet des milliers de réfugiés égyptiens, soudanais, tchadiens ou d'autres pays bloqués près du port de Misrata. L'Otan a annoncé avoir détruit au moins 26 chars des troupes gouvernementales. Alors que l'heure est à la médiation, l'avenir politique du «Guide» et de sa famille semble de plus en plus compromis. Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a estimé que le colonel Kadhafi et sa famille ne pourraient jouer aucun rôle politique de premier plan en Libye à l'avenir. M. B.