Mouammar Kadhafi a accepté une «feuille de route» pour la paix prévoyant un cessez-le-feu immédiat en Libye lors d'une rencontre avec une délégation de l'Union africaine. C'est la première tentative officielle de conciliation en Libye. La délégation de l'Union africaine était à Tripoli ce dimanche pour essayer d'arracher un accord. Selon l'UA, Kadhafi a «accepté» la feuille de route africaine, qui prévoit notamment la «cessation immédiate des hostilités», la facilitation de l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations et le lancement d'un dialogue «entre les parties libyennes» en vue d'une période de transition. Le président sud-africain Jacob Zuma, qui dirigeait la délégation africaine à Tripoli dimanche,a invité l'Otan à mettre fin à ses bombardements contre les forces de Mouammar Kadhafi pour offrir une chance de succès à un éventuel cessez-le-feu. La question du départ du dirigeant libyen aurait aussi été abordée mais l'UA n'a pas souhaité communiquer sur ce point. Or c'est sur ce point que les discussions risquent d'achopper. Car les insurgés qui ont pris les armes en février contre Mouammar Kadhafi ont prévenu qu'ils n'accepteraient rien d'autre qu'un départ du dirigeant libyen, au pouvoir depuis 1969. Prié de dire si la question du départ de Mouammar Kadhafi avait été évoquée durant les heures d'entretiens entre le dirigeant libyen et la délégation africaine, Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité, a répondu : «Il y a eu des discussions.» Ahmad Bani, un porte-parole des insurgés, a rejeté toute possibilité d'accord avec Mouammar Kadhafi pour mettre fin au soulèvement. Après leur rencontre, la veille avec le dirigeant libyen, les cinq diplomates de l'Union africaine sont arrivés à Benghazi, dans la matinée d'hier, pour trouver un compromis avec les responsables de l'insurrection. Avant même la rencontre, ces derniers ont d'ores et déjà réaffirmé qu'avant tout cessez-le-feu, les troupes gouvernementales devaient se retirer de la rue et la liberté d'expression respectée. «Les gens doivent être autorisés à aller dans la rue pour exprimer leur opinion et les soldats doivent retourner dans leurs casernes», a déclaré Chamseddine Abdelmaoula, porte-parole du Conseil national de transition. Il a également exigé la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues depuis le début du soulèvement populaire contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et qui seraient aux mains des forces loyalistes. Réagissant à cette tentative de médiation, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a averti hier que tout cessez-le-feu qui interviendrait en Libye devrait être «crédible et vérifiable» et comporter un mécanisme effectif de surveillance. De son côté, par la voix du porte-parole de sa haute représentante Catherine Ashton, l'Union européenne a apporté son soutien aux efforts de l'UA «en vue de trouver une solution politique» au conflit.