Le conflit en Libye a enregistré lundi une avancée positive après l'accord donné par le régime du dirigeant Maammar El-Gueddafi à la "feuille de route" proposée par la médiation de l'Union africaine (UA) pour une issue pacifique à la crise, dans l'attente d'une réponse des rebelles à ce plan. A l'issue d'une réunion à Tripoli entre le leader libyen et le comité de l'UA qui a offert sa médiation pour la crise actuelle, le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé dimanche soir l'acceptation par le colonel El-Gueddafi de la "feuille de route" proposée par cette délégation, venue plaider en particulier pour un arrêt des combats qui se poursuivent entre l'armée gouvernementale et les rebelles. Dans une brève déclaration aux journalistes, le président sud-africain a annoncé que "la délégation du frère leader (El-Gueddafi) a accepté la feuille de route comme nous l'avons présentée". Mandatée par l'UA, cette délégation comprend le président sud-africain Jacob Zuma, ses homologues Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Denis Sassou Nguesso (Congo), ainsi que le ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello. A l'issue des discussions avec le leader libyen dans sa résidence de Bab Al-Aziziya, à Tripoli, les dirigeants africains ont réaffirmé les objectifs de leur mission, à savoir la "cessation immédiate des hostilités", la facilitation de l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations et le lancement d'un dialogue "entre les parties libyennes" en vue d'une période de transition, selon le communiqué lu par le président Zuma. L'Algérie, qui accorde une attention particulière à la situation en Libye, a, par la voix de son chef de la diplomatie Mourad Medelci, appelé à "la cessation, le plus rapidement possible, des combats en Libye pour que puisse démarrer un processus de dialogue entre les parties dans ce pays". Lors d'une conférence de presse animée conjointement avec l'envoyé spécial du président cubain, ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parilla, M. Medelci a relevé que la mission du comité de l'UA à laquelle l'Algérie exprime son "soutien le plus total", consiste à apporter et renforcer le message visant à instaurer un cessez-le-feu, qu'il s'agisse des combats entre "frères" ou des frappes aériennes menées par des "acteurs externes". Après Tripoli, la délégation africaine est arrivée lundi à Benghazi, fief des rebelles, située à 1000 km à l'est de la capitale, pour tenter de convaincre les rebelles de déposer les armes. Les chefs de la rébellion, eux, réclament le retrait des forces loyalistes et la liberté de manifester avant d'envisager un cessez-le-feu. Par la voix de son porte-parole, Chamseddine Abdelmaoula, le Conseil national de transition (CNT) créé par les rebelles a souligné que "les gens doivent être autorisés à aller dans la rue pour exprimer leur opinion et les soldats doivent retourner dans leurs casernes". Le représentant de la rébellion, qui rejette tout cessez-le feu impliquant le maintien du pouvoir d'El-Gueddafi ou de ses fils, a également exigé la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues depuis le début, à la mi-février, du soulèvement populaire contre le régime en place. Sur le terrain, la violence n'a pas baissé d'un cran, les combats se poursuivent entre forces loyalistes et rebelles faisant au moins 12 morts et 17 blessés ces deux derniers jours, selon les hôpitaux de Benghazi. A Misrata, ville de l'ouest assiégée depuis un mois et demi par les forces gouvernementales, les affrontements ont coûté la vie à 11 personnes. Au plan humanitaire, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé son inquiétude au sujet des milliers de réfugiés égyptiens, soudanais, tchadiens ou d'autres pays bloqués près du port de Misrata dans des conditions déplorables. L'Otan, qui a pris le 31 mars le relais de la coalition multinationale commandée par les Etats-Unis, a annoncé dimanche avoir détruit au moins 26 chars des troupes gouvernementales dimanche, 12 près d'Ajdabiya et 14 près de Misrata. Ces bombardements s'ajoutent à plus de 800 opérations menées au cours des six premiers jours de l'intervention militaire en Libye.