A trois jours de la réunion du Groupe de contact sur la Libye, le 13 avril à Doha (Qatar), les initiatives diplomatiques se multiplient pour trouver une issue au conflit. Pour ce faire, l'Union africaine envoie un panel de médiateurs. Le président sud-africain Jacob Zuma et ses homologues du Congo, du Mali, de Mauritanie et d'Ouganda, qui ont reçu l'accord de l'Otan, atterriront aujourd'hui à Tripoli pour rencontrer Mouammar Kadhafi avant de se rendre ce soir ou demain à Benghazi pour des discussions avec les responsables de l'insurrection. Objectif : obtenir des deux parties un cessez-le-feu et un engagement à ouvrir un dialogue politique. Selon les Libyens, Kadhafi a déjà accepté la « feuille de route » africaine, y compris le point qui prévoit la tenue d'un référendum sur le maintien ou non du «Guide» au pouvoir. L'UA, qui est très critique sur les interventions militaires étrangères en Libye, mais aussi en Côte d'Ivoire - elle les a condamnées mardi par la voix de son président Teodoro Obiang Nguema - réussira-t-elle à résoudre ce conflit ? Pas sûr. Benghazi a rejeté hier toute idée d'un cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Kadhafi ou de ses fils. « Nous savons exactement ce que nous voulons. Si les chefs d'Etat africains pensent qu'il peut y avoir une période de transition avec Kadhafi ou ses fils, alors ils doivent se rendre à Misrata où des femmes et des enfants ont été violés et leur dire ça », avertit Moustapha Gheriani, porte-parole de la rébellion. La Ligue arabe, qui a été en retrait jusqu'à présent, tente de se positionner. A l'initiative des Nations unies, elle organise jeudi prochain au Caire une conférence pour examiner une issue politique à la crise libyenne et les moyens de « renforcer » la coordination avec l'ONU, l'Union africaine et l'Organisation de la conférence islamique. Selon Ahmed Ben Helli, le secrétaire général adjoint de l'Organisme panarabe, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moo, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, le chef de l'OCI Ekmeleddin Ihsanoglu et le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping seront présents à cette rencontre qui se tiendra au lendemain de la réunion du Groupe de contact sur la Libye. Autre initiative de paix, celle de la Turquie. Jeudi, le seul pays musulman de l'Otan a proposé une « feuille de route ». Celle-ci prévoit l'instauration immédiate d'un cessez-le-feu et la création d'« espaces humanitaires sûrs ». Eclipsée par les Etats-Unis d'abord, l'Otan ensuite, l'Union européenne ne compte pas se laisser distancée. Elle organise mardi au Luxembourg, un déjeuner de travail entre ses ministres des Affaires étrangères et Mahmoud Jibril, le chargé des affaires étrangères au Conseil national de transition (CNT) et lancera dès aujourd'hui une mission militaro-humanitaire pour aider la population assiégée de Misrata. Catherine Ashton, sa chef de la diplomatie, a mis dès vendredi la pression sur les Nations unies pour aller de l'avant. Dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, elle affirme que l'Union est « disposée à agir » par tous les moyens, « y compris militaires », si elle obtient le OK de l'ONU pour soutenir les 300.000 personnes assiégées de cette ville pilonnée sans relâche depuis un mois et demi par les forces de Kadhafi. « L'Europe, dit-elle, est prête à coordonner les efforts internationaux » pour cette opération « baptisée Eufor Libya » sous la direction du vice-amiral italien Claudio Gaudiosi. Dernier organisme international à entrer en scène : la commission des droits de l'homme de l'ONU. Trois experts se rendront aujourd'hui à Tripoli. « Nous espérons revenir d'ici la fin du mois », déclare le responsable de l'enquête Cherif Bassiouni.