Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a rompu le silence, hier, lors de son discours à la nation algérienne, au sujet des révoltes populaires qui secouent les pays arabes depuis novembre dernier. Il a, en fait, ouvertement dénoncé toute intervention étrangère, peu importe sa nature, dans les pays arabes, en proie depuis novembre dernier à une vague de révoltes populaires contre les régimes dictatoriaux en place. Selon lui, il revient à chaque peuple de décider de son destin, faisant référence à l'intervention militaire américano-franco-britannique en Libye sous prétexte de mettre fin aux «exactions» commises par le régime de Mouammar Kadhafi contre l'opposition. «L'Algérie suit, naturellement, les mutations en cours sur la scène internationale, particulièrement celles survenues dans certains pays arabes», a-t-il souligné. «Face à cette situation, l'Algérie réaffirme son attachement à la souveraineté des pays frères et à leur unité, son rejet de toute ingérence étrangère et son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale», a-t-il souligné. Pour rappel, l'Algérie a voté contre l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye lors du dernier sommet de la Ligue arabe, tenu au début du mois de mars dernier. L'intervention occidentale en Libye n'a pas reçu l'adhésion de l'Algérie, tout comme elle avait été directement désapprouvée par la Russie et la Chine, privilégiant la voie diplomatique. Hier encore, les frappes de l'Otan en Libye ont été de nouveau contestées par la communauté internationale, et l'Italie a refusé de participer à ces opérations militaires. Devant les révoltes qui secouent les pays arabes, l'Algérie a pris position en faveur d'un changement pacifique des régimes. Ce changement, aussi bien en Egypte, en Tunisie que dans les autres pays arabes tels le Yémen, Bahreïn ou la Syrie, devra émaner d'un désir exprimé par les peuples, sans aucune ingérence étrangère considérée par certains observateurs comme le retour du néocolonialisme. L. M.