Le président syrien Bachar Al-Assad s'est adressé hier à la nation alors que le pays vit une situation de grande tension depuis le déclenchement de la contestation. Se disant favorable à une évolution, il s'est toutefois gardé d'annoncer des réformes majeures pour calmer la contestation grandissante, la plus sérieuse depuis son arrivée au pouvoir en 2000, succédant à son père. Comme Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi, Al-Assad a accusé l'étranger d'être derrière les manifestations contre le régime qui secouent la Syrie depuis deux semaines. Son discours était très attendu.Une grande inquiétude s'est emparée des Syriens et le pays était comme suspendu. Il était temps pour lui de sortir du silence et de parler des manifestations qui menacent de dégénérer. Il s'est exprimé devant le Parlement syrien. Un discours largement suivi par les médias internationaux. Mais, comme ses pairs arabes confrontés à une telle situation, Bachar al-Assad a tenu à, sinon minimiser la révolte, du moins la relativiser. Pour le chef de l'Etat, en poste depuis onze ans, la situation en Syrie n'est pas comparable à celle des autres pays de la sphère arabe. «Ce n'est pas une révolution, a-t-il lancé, mais une situation populaire différente». La théorie du complot est vite convoquée. Le pays est la cible d'«un très grand complot venu de l'extérieur», une «conspiration» menée par «une minorité». La conspiration est ainsi évoquée pour expliquer un ras-le-bol populaire et un besoin légitime de liberté émanant du peuple. S'il a appelé au rassemblement de son peuple, à l'unité, le chef de l'Etat a néanmoins reconnu que la Syrie avait besoin de réformes. Un thème sur lequel il était particulièrement attendu. Le fait qu'il n'ait pas énoncé les changements attendus a quelque peu déçu. Pourtant, des annonces novatrices, notamment sur le plan politique et des libertés, ont été faites au lendemain de la démission du gouvernement syrien. Le même jour, des manifestations en faveur de Assad ont eu lieu un peu partout dans le pays. Des manifestations à la crédibilité relative puisque le régime syrien a souvent recours à ce procédé pour envoyer les messages qui s'imposent. Ceux d'une symbiose entre lui et le peuple. L'intervention du Président, retransmise à la télévision, ne devrait néanmoins pas calmer le mouvement de contestation déclenché le 15 mars. Des milliers de manifestants ont participé à Deraa aux funérailles d'un contestataire, décédé après avoir été blessé il y a une semaine durant les affrontements. Des sit-in sont aussi prévus dans le pays demain vendredi, jour de prière, à la mémoire des «martyrs» et pour appuyer les revendications en faveur de la démocratie. Le régime syrien est condamné à lâcher du lest. L'annonce de l'abrogation de l'état d'urgence et de nouvelles lois sur les médias et le pluralisme politique sont toujours attendues. M. B.