En ne s'appesantissant pas trop sur l'actualité internationale dans son discours d'hier, le président de la République a toutefois rappelé l'attachement de l'Algérie à la souveraineté des peuples, son rejet de toute ingérence et très lucidement établi un trait d'union entre ce qui s'est passé dans certains pays du Maghreb - et se passe dans d'autres pays arabes - avec les revendications exprimées depuis quelques semaines par les citoyens, en général, et les jeunes, en particulier. Abdelaziz Bouteflika considérant «leur légitimité et le besoin effectif de leur donner des solutions».Et toutes ces solutions ne peuvent être trouvées sans l'implication de l'ensemble des Algériens. En revenant sur tout ce qui a été fait de positif depuis le début de l'année 2000, il n'a, pour autant, à aucun moment occulté certaines réalités à l'origine d'un malaise social général très souvent exprimé par la violence, notamment chez les jeunes, annonçant dans la foulée une batterie de mesures qui devraient mettre un terme aux fléaux de la bureaucratie, la corruption et les dysfonctionnements dans l'Administration.Mais ce qui semble s'apparenter à l'assainissement des écuries d'Augias ne peut se faire sans des réformes d'importance. Et là, le discours de Tlemcen donne la réponse la plus plausible à ce qui pourrait être considéré comme une retenue du premier magistrat du pays, ces mois derniers, et plus particulièrement au plus fort des remous qui ont marqué une partie du Maghreb et le monde arabe. La preuve en est éloquente compte tenu des chantiers dont le président de la République annonce l'ouverture : partielle révision de la Constitution après concertation d'experts en droit et de représentants de formations politiques. Les amendements seront soumis au Parlement, voire à référendum populaire et concerneront tout autant le rôle des élus que le mode d'organisation des formations politiques.Dans les mesures projetées, le mouvement associatif, dont la loi est appelée également à être révisée, devra être réhabilité pour jouer, dans le cadre du renouveau du développement local, le rôle de courroie de transmission effective entre la société civile et les institutions de l'Etat, toutes natures confondues. Et en évoquant la liberté d'expression, le président de la République fera l'annonce de la dépénalisation du délit de presse, réitérant la décision d'ouvrir les médias dits lourds à l'ensemble des acteurs de la scène politique, tout en rappelant la liberté de ton déjà existant en Algérie et cette vérité vraie qui veut qu'il «n'existe aucun détenu pour délit d'opinion».En matière de développement économique et social, Abdelaziz Bouteflika a tenu à souligner la disponibilité de l'Etat algérien à apporter toute l'aide et le soutien nécessaire aux entreprises créatrices de richesses, notamment par leur promotion et les facilitations en matière de foncier.Si le discours a été bref, concis, il n'en annonce pas moins l'ouverture d'un grand chantier pour les semaines à venir. Le chef de l'Etat en a d'ailleurs pris l'engagement et fait la promesse. Il n'en demeure pas moins, toutefois, de rappeler une réalité qui n'est toujours pas évidente : le besoin d'implication des citoyens. Et c'est pour cela qu'il affirmera : «Ce n'est que tous unis que nous parviendrons à réussir.» A. L.