Le régime libyen a mené hier une offensive d'ampleur sur la ville stratégique de Misrata, assiégée depuis deux mois. Quatre ou cinq chars des forces pro-Kadhafi ont tenté d'entrer dans Misrata, et les insurgés ont assuré avoir arrêté leur progression. Les combats se concentraient hier essentiellement près de l'aéroport où des pro-Kadhafi tentaient d'en contrôler les accès. Le port de Misrata, essentiel pour l'approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, lourdement bombardé, était calme en début d'après-midi. Dix personnes ont été tuées à Misrata et des dizaines d'autres blessées par les bombardements. Le régime libyen avait offert vendredi une amnistie aux insurgés de Misrata s'ils déposaient les armes, indiquant que l'offre était valable jusqu'à aujourd'hui. Sur le plan humanitaire, la situation se complique davantage. Des bateaux, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster. Les difficultés s'amoncellent lorsque des mines ont été posées par les forces loyalistes dans les eaux au large du port, paralysant le trafic. A Tripoli, l'Otan poursuit ses frappes en dépit des accusations du régime libyen d'avoir tenté d'assassiner Mouammar Kadhafi la veille, lors d'un bombardement aérien qui a tué Seif Al-Arab Mouammar Kadhafi, 29 ans, un des six fils du colonel Kadhafi, et trois petits-enfants du dirigeant ainsi que des amis et voisins. Les obsèques des proches de Kadhafi ont eu lieu à Tripoli. Le colonel avait déjà perdu une fille adoptive en 1986 lors d'un bombardement américain à Tripoli. Apres ce raid, les forces gouvernementales n'ont pas tardé à riposter. Les ambassades d'Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d'attaques. Des manifestants ont mis le feu aux bâtiments de l'ambassade d'Italie et des résidences de l'ambassadeur d'Italie et de Grande-Bretagne. À la suite de ces incidents, Londres a décidé d'expulser l'ambassadeur de Libye. La Turquie a évacué par précaution son ambassade, qui représentait aussi les intérêts britanniques et australiens à Tripoli. Les Nations unies ont décidé de retirer l'ensemble de leur personnel de Tripoli. La Chine appelle au cessez-le-feu en Libye. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a minimisé la menace de Kadhafi de «transférer la bataille en Italie». Dans l'Ouest libyen, à la frontière avec la Tunisie, le calme régnait hier au poste frontière de Dehiba, après des combats qui ont opposé la veille pro-Kadhafi et insurgés. Des Libyens continuaient à fuir en masse vers la Tunisie, la situation devenant de plus en plus difficile. Au moins quatre obus de gros calibre tirés par les forces pro-Kadhafi ont touché le sol tunisien sans faire de victimes tout près de la ville de Dehiba, à 4 km de la frontière. M. B.