Le régime du président Assad résiste malgré le mouvement de contestation qui le vise depuis deux mois. Les responsables politiques commencent à avoir un discours rassurant sur la capacité de contrôle de la situation. Dans un entretien au New York Times, la conseillère de Assad, Bouthaina Chaabane, a même estimé que le gros de la révolte est passé et que le «moment le plus dangereux est derrière nous». Mme Chaabane est considérée comme une des personnalités les plus proches du Président et une voix autorisée du pouvoir. Selon les analystes, la fidélité de l'armée concourt à la stabilité du système. Le Jordanien Nahed Hattar, expert dans les affaires syriennes, affirme que «le régime a surmonté des divisions internes, entre le groupe du Président, qui favorise la solution politique, et le groupe sécuritaire, dirigé par son frère Maher Al-Assad et Ali Mamlouk, chef des Renseignements généraux, qui favorisent l'approche sécuritaire musclée». L'Union européenne a par ailleurs adopté formellement un embargo sur les armes visant la Syrie, ainsi que des interdictions de visas d'entrée dans l'UE et le gel d'avoirs contre 13 personnalités syriennes. Le frère du président, Maher Al-Assad, figure en tête de liste des sanctionnés. Considéré comme «le principal maître d'œuvre de la répression contre les manifestants», il précède sur la liste le chef des renseignements Ali Mamlouk et le nouveau ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim Al-Chaar, nommé le 28 avril. La situation sur le terrain est toujours dans la logique de manifestation-répression. L'armée syrienne a renforcé son contrôle des foyers de contestation et procédé à des arrestations massives dans tout le pays. Les contestataires ont appelé à des manifestations de solidarité avec les milliers de détenus. A Banias, les forces armées ont arrêté d'autres chefs de file des protestataires. Plus de 450 personnes ont été arrêtées par l'armée depuis samedi dans cette ville côtière. Cinquante militants politiques, dont le dirigeant d'un parti communiste interdit, Hassan Zahra, et son fils, ont également été arrêtés dans la région de Salamiya, centre-nord du pays. D'après les ONG, des milliers de militants ont été arrêtés les dernières semaines par les forces de sécurité dans le cadre d'une campagne de répression visant à mettre fin aux manifestations qui ébranlent le pays depuis le 15 mars. En dépit de la répression, le site «Syrian Revolution 2011» a prévenu sur Facebook que «les manifestations se poursuivront tous les jours». Lundi, à Damas, 200 personnes ont manifesté sur la place Arnousse pour demander la levée du siège des villes syriennes avant d'être dispersées par la force. M. B.