Le rugissement des Syriens fait trembler le «lion» de Damas. Au 13e jour de soulèvement populaire, l'opposition marque des points contre le régime de Bachar Al Assad. Incapable de mater la révolte populaire qui s'est emparée de certaines villes du pays et malgré la sanglante répression qui a fait des dizaines de morts, le Président syrien fait des concessions. Les autorités décident d'abroger la loi d'urgence en vigueur dans le pays depuis 1963, à en croire la conseillère d'Al Assad, Bouthaina Chaâbane. Elle a indiqué hier que «la décision d'abroger la loi d'urgence a déjà été prise, mais je ne sais pas quand elle sera mise en application». Elle ajouté qu'aussitôt après son abrogation, «toutes les personnes arrêtées en vertu de cette loi seront libérées». Une loi qui impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement et autorise l'arrestation «de suspects ou de personnes menaçant la sécurité». La veille, la présidence syrienne avait libéré 260 détenus politiques. Elle permet également la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias. Le président Bachar Al Assad devrait s'adresser très prochainement à la nation pour «expliquer la situation et clarifier les réformes qu'il entend mener dans le pays», a souligné Bouthaina Chaâbane. Mais le coup est bien parti pour pouvoir stopper une révolte qui a gagné plusieurs villes du pays. Ainsi, la ville côtière de Lattaquié (à 350 km au nord-ouest de la Syrie) a été le théâtre de violents affrontements faisant une dizaine de morts et des centaines de blessés entre manifestants et forces de sécurité. La ville est, depuis hier, sous le contrôle des unités de l'armée syrienne. Mme Chaâbane a accusé directement «des réfugiés palestiniens du camp de Ramel, près de Lattaquié, d'avoir voulu créer des dissensions confessionnelles en tirant sur les forces de sécurité et les manifestants». Une information vite démentie par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Par ailleurs, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a assuré que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention de lancer une opération militaire en Syrie, malgré les accrochages extrêmement violents dans le pays entre manifestants et forces de l'ordre. Interrogée, hier, sur la chaîne CBS pour savoir si les Etats-Unis avaient l'intention de lancer une opération militaire en Syrie comme celle en cours actuellement en Libye, Mme Clinton a répondu par la négative : «Non, chacune de ces situations est unique.» La secrétaire d'Etat américaine a cependant indiqué que si une coalition internationale, avec l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, condamnait de manière «universelle» les violences en Syrie, une intervention militaire pourrait être envisagée. «Mais cela ne va pas se produire parce que je ne pense pas que nous sachions exactement ce qui se passerait, ce que cela déclencherait», a-t-elle ajouté. Par ailleurs, le New York Times indique que les Etats-Unis ont entamé des contacts en toute discrétion avec le président Bachar Al Assad pour le presser de mettre un terme aux violences contre la population. Selon le journal, le nouvel ambassadeur américain à Damas, Robert Ford, a appelé le dirigeant syrien à faire preuve d'une plus grande retenue.