Les partisans du président yéménite Ali Abdallah Saleh se rassemblaient hier à Sanaa pour une démonstration de force au moment où l'opposition se préparait à défiler dans la capitale et d'autres villes pour réclamer inlassablement le départ du chef de l'Etat. L'armée s'est déployée en force à Sanaa autour des bâtiments publics, notamment aux abords de la présidence du gouvernement où la troupe avait ouvert le feu, mercredi soir, sur des milliers de manifestants qui s'étaient approchés de ce secteur. Dix-neuf personnes ont été tuées depuis mercredi soir. Les forces fidèles au président Saleh ont également acheminé des renforts dans la rue Zoubeiri, menant au palais présidentiel, selon des témoins. Pour sa part, le puissant général Ali Mohsen Al Ahmar, rallié aux contestataires, a déployé depuis, jeudi dernier, des renforts autour de la place du Changement à Sanaa où campent les opposants au président Saleh. Les violences de ces dernières quarante-huit heures ont été «fermement» condamnées par les Etats-Unis qui ont appelé à une transition «immédiate» du pouvoir. Les Etats-Unis, qui se sont toujours gardés de blâmer leur allié stratégique dans la région, ont appelé «toutes les parties à signer» le plan du Conseil de coopération du Golfe (CCG) immédiatement». Ce plan semble, toutefois, avoir peu de chances d'être appliqué, M. Saleh refusant de le signer. L'opposition yéménite a annoncé hier que la médiation yéménite était morte et que le Qatar avait proclamé cette mort. Ce dernier a, pour sa part, annoncé jeudi dernier son retrait de cette médiation en raison de la position du président yéménite. Ce dernier avait également décrié à maintes reprises l'ingérence qatarie dans les affaires internes de son pays. Le président yéménite s'est d'ailleurs engagé devant des milliers de ses partisans, hier à Sanaa, à «se défendre de toutes ses forces», rejetant ainsi l'appel des Etats-Unis à une transition immédiate dans le pays. «Nous nous défendrons de toutes nos forces et par tous les moyens», a-t-il encore dit devant ses partisans, acheminés comme tous les vendredis des diverses provinces du pays pour faire contrepoids aux opposants qui campent, depuis le 21 février, sur une place de Sanaa pour réclamer son départ. Dans un communiqué, Human Rights Watch a, pour sa part, demandé aux médiateurs de ne pas accorder l'immunité au Président en raison «des attaques répétées et meurtrières de ses forces de sécurité contre des manifestants pacifiques». Par ailleurs, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a annoncé, hier, qu'il avait reçu l'autorisation des autorités yéménites d'envoyer dans le pays une mission d'évaluation des violences qui se sont déroulées lors des récentes manifestations contre le régime.