Les Syriens se préparaient à enterrer hier les 44 personnes tuées la veille lors de la répression de nouvelles manifestations contre le régime, la situation dans le pays suscitant l'«inquiétude aiguë» des Etats-Unis. Des funérailles étaient prévues dans plusieurs villes, selon un militant, au lendemain de la mort de 44 personnes ayant péri sous les balles des forces de sécurité selon un dernier bilan fourni par un militant. «Les autorités syriennes continuent de faire un usage excessif de la force et (d'utiliser) des balles réelles pour faire face aux manifestations dans différentes régions du pays», a déclaré Ammar al-Qourabi, chef de l'Organisation nationale des droits de l'homme en Syrie. Selon lui, 26 personnes ont été tuées dans la province d'Idlib (ouest) et 13 à Homs (centre). Deux autres ont péri dans la ville de Deir Ezzor (est), une à Daraya, banlieue de Damas, une à Lattaquié (ouest) et une autre à Hama (centre). Un soldat et quatre adolescents font partie des victimes, dont deux âgés de 12 et 16 ans qui ont été tués à Homs, a-t-il précisé. Des militants avaient fait état vendredi d'un bilan de 34 morts et des dizaines de blessés. La répression du mouvement de contestation, lancé à la mi-mars, a fait plus de 850 morts et entraîné plus de 8000 arrestations, selon des organisations de défense des droits de l'homme et l'ONU, et a poussé des milliers de Syriens à l'exode. Malgré la répression, des manifestations ont rassemblé vendredi, journée traditionnelle des protestations depuis la mi-mars, des milliers de personnes, en particulier à Homs, Hama, Deraa, Banias (nord-ouest), Qamichli (nord), Lattaquié et Maaret al-Naamane (ouest). Des manifestations ont également touché des secteurs proches d'Alep (nord), deuxième ville du pays, et Damas, deux cités globalement épargnées par le mouvement de contestation, ainsi qu'à Douma, près de Damas, à Jableh (ouest), et Amouda et Derbassiyeh (nord-est). A Banias, ville assiégée, les manifestants portaient des branches d'olivier et des hommes ont défilé torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés, le régime accusant, depuis le début de la contestation, «des gangs criminels armés» ou des «groupes terroristes» d'être derrière les violences. La télévision d'Etat a ainsi de nouveau accusé vendredi des «gangs armés» d'avoir ouvert le feu sur des «rassemblements» et sur la police à Idlib et dans la banlieue de Homs, en évoquant un nombre indéterminé de victimes. Les restrictions imposées aux médias étrangers par le régime empêchaient toute vérification indépendante sur le terrain. Après avoir sommé son homologue syrien Bashar al-Assad de «diriger la transition» ou de partir, le président américain Barack Obama est revenu à la charge vendredi en estimant que la situation en Syrie représentait un motif «d'inquiétude aiguë» tant pour Israël, pays voisin, que pour les Etats-Unis. «Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie. Le gouvernement doit cesser de tirer sur les manifestants et autoriser les protestations pacifiques», avait également dit jeudi M.Obama, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre M.Assad.