Maintenant que le statut particulier des sages-femmes a été arraché haut la main, les femmes enceintes pourraient-elles aspirer à une très bonne prise en charge dans les différentes structures hospitalières de soins publiques ? Il est attendu que les sages-femmes assurent au moins les étapes consignées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui devraient permettre à la parturiente d'accoucher dans les meilleures conditions et d'avoir un nouveau-né en bonne santé. Les risques de complications, voire d'accidents, sont ainsi réduits pour la mère comme pour le bébé.Il faut, toutefois, préciser que le métier de sage-femme n'est du reste pas celui de l'obstétricien qui prend en charge essentiellement le suivi médical. Les deux métiers sont, en fait, complémentaires. Formée, cette «assistante» peut accomplir des fonctions d'échographiste et prendre en charge les analyses de sang et d'urine. Toutefois, si la grossesse s'avère à risque, c'est-à-dire si elle est accompagnée de diabète ou d'hypertension artérielle, seul le spécialiste se charge du suivi, avec une assistance paramédicale de la part de la sage-femme qui guidera la future maman dans la démarche à suivre en présence de ses deux pathologies.Cette petite présentation du travail de la sage-femme illustre fort bien combien l'intervention de cette corporation paramédicale est primordiale durant la grossesse et même au-delà de par ses conseils en ce qui concerne le planning familial. C'est dire, aussi, que l'exercice de la profession de sage-femme ne se réduit pas à la pratique des accouchements. La surveillance prénatale, la préparation à l'accouchement de la femme enceinte, le suivi à domicile des parturientes – quoique cet aspect ne soit pas élargi en Algérie – et les soins à prodiguer aux nouveaux-nés en cas de naissance précoce, sont les missions de la sage-femme. Mais en dépit de l'importance de ces attributions qui définissent le rôle de «l'accoucheuse», il est des femmes enceintes qui se passent le plus souvent de ces étapes, jugeant que seul le médecin spécialiste pourrait être l'accompagnateur par excellence jusqu'à l'accouchement. Ne conférant à la sage-femme qu'un rôle secondaire d'infirmière qui s'occupe des vaccins et des mesures de la tension artérielle. A vrai dire, les antécédents ayant entaché les différentes maternités dans l'exercice de ce métier ont contribué à la marginalisation de la sage-femme, alors que tous les spécialistes s'accordent à dire que la meilleure prise en charge dont pourrait bénéficier la femme enceinte est assurée au niveau des CHU et autres espaces pédiatriques dès lors que tous les moyens, matériels et humains, y sont disponibles. «Il faut justement intensifier des campagnes de sensibilisation pour attirer l'attention des femmes enceintes sur le suivi primordial de leur grossesse au niveau de ces centres, notamment pour celles souffrant de diabète et de HTA. Elles doivent voir périodiquement les sages-femmes formées à cet effet. Les sages-femmes ont pour fonction de prodiguer les orientations nécessaires en vue de préserver la santé du bébé et de sa maman», explique un médecin généraliste.Ainsi, la nécessité d'une sensibilisation est clairement soulignée, ce qui veut dire que le rôle de la sage-femme est encore méconnu et minoré. Des sources hospitalières évoquent quelques réticences chez des femmes enceintes qui croient qu'elles peuvent se passer de ce service prénatal garanti par les praticiennes de ce noble métier, en prenant attache uniquement avec leur gynécologue, d'autant que si elles ne souffrent pas de pathologies apparentes leur tension artérielle est simplement prise en milieu familial ou dans une pharmacie. Sur un autre chapitre, de nombreuse patientes dénoncent l'accueil froid, voire les rebuffades, qu'elles rencontrent au niveau des centres de soin, ce qui les poussent souvent à éviter ces centres et envisager d'autres pistes, dont le privé, pour se faire suivre. Les sages-femmes accomplissent un noble métier, ça c'est un fait avéré, mais il est tout aussi avéré qu'il est nécessaire de professionnaliser davantage ce métier pour permettre à ces soignantes de contribuer efficacement à la réduction des risques de complication et de mortalités post-natales. N. H.