L'Algérie compte 8000 sages-femmes alors que le pays enregistre près de 900 000 naissances par an. «Ce chiffre fait ressortir les difficultés qu'elles peuvent rencontrer pour effectuer leur travail dans de bonnes conditions», a révélé Mme Amar Khodja, sage-femme ayant exercé durant 35 ans dans le service maternité d'un CHU de la capitale dont 15 années dans une PMI. Intervenant en marge de la journée d'étude des sages- femmes du secteur public de la wilaya d'Alger, tenue hier à Dar El Imam d'El Mohammedia, cette chevronnée a souligné que la profession de sage-femme ne se réduit pas à la pratique des accouchements. «Elle consiste également à assurer la surveillance prénatale, la préparation à l'accouchement et le suivi à domicile des femmes et des nouveaux-nés en cas de sortie précoce de la maternité », a-t-elle expliqué. Et d'ajouter : «les sages-femmes sont également habilitées à pratiquer des échographies». Par ailleurs, cette accoucheuse n'a pas manqué de faire part de son désarroi. Déçue, elle estime que le statut de la sage-femme a longtemps été bafoué. «Nous sommes marginalisées dans la mesure où certains ne se rendent pas compte que nous menons une lourde tâche dans l'accomplissement de nos missions au sein des établissements hospitaliers», dira-t-elle. Selon Mme Amar Khodja, la sage-femme est submergée par la surcharge de travail et, surtout, par le manque d'encadrement. «Il nous est arrivé de faire le travail de médecins ou d'infirmières, pour la prise en charge des femmes hospitalisées au niveau des maternités», a-t-elle dévoilé. Les raisons? Elle répond que cette surcharge est due au manque de médecins spécialistes en gynécologie obstétrique. Elle déplore par la même occasion que les sages- femmes n'ont jamais bénéficié des programmes de formation à l'instar des différents spécialistes de la santé. Pour madame Okba, une autre sage-femme, son métier est devenu une véritable source d'ennuis. «De nos jours, le métier de sage-femme fait peur, vu le nombre de poursuites en justice dont elles font l'objet », dira- t-elle. Selon elle, une sage-femme sur deux est poursuivie en justice en Algérie dans le cas de mortalité ou de blessures du nouveau-né au moment de l'accouchement. «Plusieurs familles ont porté plainte contre des sages-femmes », dit-elle et de poursuivre : «Cette situation est préoccupante. Notre métier est noble et nous contribuons à la naissance d'un être humain». Mme Okba, reconnaît que c'est un métier à risque, mais les sages-femmes font leur possible pour assurer un accouchement sans risques. Pourtant, dira-t-elle, les sages-femmes font l'objet de toutes les critiques. Elle affirme qu'elle pratique ce travail avec beaucoup de stress. Les pressions sont dues au fait qu'une sage-femme algérienne assure jusqu'à 1 000 accouchements par an, voire plus dans certaines zones alors que les normes fixées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont de l'ordre de 175 accouchements par sage-femme.