Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Alors que la région est alimentée par pas mois de 2 400 m3 de carburant (essence et gasoil) par jour, selon la direction de Naftal, la tension a atteint son paroxysme. Pourtant le quota représente 115% et 1 800 m3 sont largement suffisants pour la région. La région de Tlemcen enregistre ces derniers jours une véritable crise de carburant. Faire le plein est devenu un véritable tour de force. Les automobilistes font un véritable parcours du combattant en passant d'une station à une autre. Le scénario est connu, avec un décor désolant de chaînes interminables, avant d'avoir la chance d'obtenir quelques litres du précieux liquide. Face à cette situation, bon nombre d'observateurs n'ont pas manqué de se demander comment un pays gorgé de pétrole peut-il être à court de carburant ? Est-ce une façon de lutter contre la contrebande de carburant ?… A travers la wilaya le déficit de carburant qui menace de paralyser cette région frontalière a mis l'ensemble des automobilistes dans l'embarras, et nombreux ont «garé» leur véhicule. De Maghnia à Aïn Tellout et de Remchi à Sidi Djillali, le manque de carburant inquiète les automobilistes.Cette crise, selon notre enquête, a été «provoquée» dans le but de lutter contre la contrebande du fuel où cette pratique informelle fait perdre chaque année à l'Etat d'importantes sommes d'argent. A la frontière algéro-marocaine, la contrebande du fuel mine l'économie locale. Mensuellement les services de la gendarmerie, la police et la douane opèrent des saisies importantes évaluées, selon ces sources, à plus de 150 000 l/mois, sans compter le volume qui a réussi à franchir la frontière. Cette saisie en réalité ne représente qu'environ 10%. Selon les spécialistes, toutes les formes de contrebande entraînent des pertes lourdes à l'économie nationale, et il appartient à l'ensemble des acteurs de traquer les fraudeurs et les contrebandiers jusqu'à leur dernier retranchement. D'ailleurs, faut-il le rappeler, plusieurs stations-services ont été fermées par décision du wali. Dans l'une d'entre elles, fera-t-on remarquer, on livrait un volume dix fois supérieur à une station à Oran ou Alger. Au niveau de la frontière, il existe, selon des statistiques, plus de 4 000 véhicules Mercedes, R21, camion, etc. qui acheminent gasoil et essence au Maroc à travers des pistes bien maîtrisées. Même les baudets sont utilisés dans ce commerce, qui rapporte gros. Malgré cependant le lancement de projets de réalisation de 25 postes frontaliers pour mener à bien l'opération de lutte contre la contrebande et le crime organisé ainsi que l'acharnement des gardes-frontières qui déploient beaucoup d'effort, ce n'est un secret pour personne en disant que les proportions sont alarmantes et la contrebande continue de sévir… La frontière est devenue désormais une véritable passoire.