La crise née de la pénurie du carburant et qui sévit depuis quelques semaines dans la wilaya de Tlemcen et celles limitrophes a atterri à Oran, depuis quelques jours. C'est du moins le constat fait par de nombreux automobilistes et transporteurs qui affirment avoir été contrainte à faire des chaînes interminables qui se forment, d'ailleurs dès l'aube, devant les stations-service, dans une désorganisation totale. Pour bon nombre d'entre eux, les raisons de cette pénurie sont connues de tous, le trafic qui sévit au niveau des zones frontalières et les restrictions qui en ont découlé. Ainsi, les automobilistes, transporteurs publics et autres entreprises trouvent des difficultés à s'approvisionner en essence normale ou super ainsi qu'en gasoil, alors que des files interminables de véhicules, de tous genres, sont visibles au niveau des stations. De nombreuses stations Naftal à Oran souffrent de rupture de stock de carburant. Dans les rares stations, encore pourvues de carburant, des chaînes interminables sont constatées, depuis quelques jours, notamment dans la matinée. Pour les plus chanceux, il faut attendre plusieurs heures avant de pouvoir remplir son réservoir. Certains automobilistes n'arrivent pas à comprendre comment de telles situations peuvent se produire dans un pays comme le nôtre. «C'est incroyable! Nous sommes dans un pays qui produit toutes sortes d'énergie, pourtant, on ne trouve même pas de quoi remplir les réservoirs de nos véhicules!», nous dira-t-on. A propos des raisons concernant cette pénurie constatée dans les wilayas d'Oran, Tlemcen et Aïn Témouchent, des sources de la direction de l'énergie et des mines au niveau de la wilaya d'Oran, nous diront: «C'est le trafic, au niveau des zones frontalières algéro-marocaines, qui est à l'origine de cette crise. Il faut savoir que 50% de la production de la raffinerie d'Arzew sont destinés à l'approvisionnement de 10 stations de distribution, appartenant à des opérateurs privés et certains d'entre eux possèdent des stations situées dans les zones frontalières à Tlemcen. Vous savez, près de 70% du carburant de la wilaya de Tlemcen sont destinés au trafic.» Questionné sur cette crise, l'un des employés de Naftal expliquera que «le problème n'est pas celui de Naftal, puisque les quotas octroyés aux stations-service sont restés les mêmes, donc le problème est ailleurs.» Ailleurs, c'est cette complicité existant sur les routes empruntées, au niveau des frontières de l'Ouest, et ce, en dépit de tous les dispositifs de lutte contre le trafic en tout genre, «El houdoud» demeure une véritable passoire. Le phénomène de la contrebande de carburant a atteint, ces dernières années, une proportion alarmante et nous assistons à une intensification du trafic de carburant, près des frontières algéro-marocaine et algéro-tunisienne. En effet, durant les quatre premiers mois de 2009, 31.544 litres de gasoil et 5.881 litres d'essence ont été saisis chez des contrebandiers traversant la frontière entre l'Algérie et la Tunisie. En 2010 et pour la même période, on a saisi plus du double des quantités de gasoil (68.763 litres) et près du triple en essence (16.262 litres). S'il est très difficile d'évaluer avec précision les quantités de gasoil et d'essence qui traversent quotidiennement les frontières de l'Ouest et de l'Est d'Algérie, on sait en revanche que ce trafic est très lucratif. En effet, le litre de gasoil acheté 13,5 dinars algériens, soit l'équivalent de 0,260 dinar tunisien, est revendu en Tunisie à plus de 40 Da, soit 0,800 TND. Les automobilistes algériens se plaignent des longues files d'attente devant les stations services, carrément réquisitionnées par les contrebandiers. Ce trafic est assuré par des réseaux structurés de trabendistes qui utilisent alors des véhicules à double réservoirs ou dotés de réservoirs aux capacités importantes. Le carburant est ensuite acheminé vers des entrepôts clandestins, situés dans des zones urbaines, avant d'être rechargé dans des berlines et acheminé vers d'autres pays.