Photo : Riad Par Youcef Salami Initiés et organisés par le Conseil national économique et social (Cnes), les premiers états généraux de la société civile s'ouvriront aujourd'hui au Palais des nations, Club des Pins, à Alger, une rencontre étalée sur trois jours. Cette dernière donnera certainement lieu à un large débat sur les acteurs de la société civile, sur la centralisation de certaines associations et sur la ramification d'autres. Cette initiative, le Cnes veut en faire une «réflexion collective de premier ordre et largement inclusive de toutes les parties prenantes représentatives de la société civile». Une forme de faire participer la société civile à la démocratie ? L'institution consultative que préside Mohamed Seghir Babès y croit. Ces assises réuniront les différentes composantes de la société civile, une étape dans la consécration de la démocratie participative, estime ainsi le Cnes. Celui-ci, à qui il est souvent reproché de recadrer le débat, de le circonscrire, semble avoir réajusté les canaux de dialogue, au sens large du terme, et de s'ouvrir à toutes les composantes de la société, comme on peut le voir à travers l'aréopage d'aujourd'hui, au Palais des nations. Assisteront en effet à ces états généraux toutes les organisations de la société civile «au sens conventionnel universellement admis», selon le Cnes, les organisations patronales et syndicales, les corporations et regroupements socioprofessionnels et catégoriels, le mouvement mutualiste, les sociétés savantes, les conseils nationaux et les sections ordinales administrant les magistères de l'éthique et de la déontologie, les cercles de réflexion et d'action ainsi que le mouvement associatif et des organisations non gouvernementales (ONG), de même que des personnalités indépendantes et autres intellectuels nationaux, les têtes de file du réseau expert national et les équipes-leaders irriguant les espaces académiques et de recherche. Au plan de la forme, et sans se faire d'a priori, le spectre est large; est-ce pour autant que le contenu imprimé à cette rencontre soit consistant, mesurable aux objectifs voulus à ces états généraux ? Certes, des notions comme «démocratie participative» ou «gouvernance» sonnent bien à l'oreille, mais quel sens faudrait-il y conférer ? Pour le Cnes, il s'agit d'une réunion de concertation élargie à toutes les composantes de la société civile algérienne. Elle colle aux efforts fournis par les pouvoirs publics, afin «d'éviter toute fracture sociale dommageable, tout en veillant à opérer les ruptures incoercibles commandées par le nécessaire saut qualitatif que requièrent les défis d'une légitime émergence de notre économie et de notre société», relève cette institution. Celle-ci défend sa stratégie liée à l'organisation de ces assises et essaie de donner de la consistance aux objectifs qui s'y rapportent. Des objectifs énumérés par le Cnes et qui gravitent autour d'un dialogue constructif permettant de s'engager prioritairement envers l'élaboration d'un véritable «pacte de croissance et d'emploi», avec comme perspective stratégique l'élaboration d'un modèle partenarial consensuel, en particulier mais non exclusivement, autour de plusieurs thèmes retenus par le bureau du Cnes. Il s'agit, entre autres, de la définition d'objectifs macroéconomiques orientés vers la croissance, la détermination d'une stratégie pour l'emploi, la fixation de plans d'action sur le triptyque formation-emploi-régulation, la promotion des dispositifs de compétitivité, la mise en avant d'un code de bonne conduite, la structuration d'un dialogue au sein de l'entreprise, la valorisation des ressources humaines et la mise en place d'un cadre spécifique de concertation autour de la réforme de la sécurité sociale. Cinq ateliers seront organisés à l'occasion de ces assises. Ils porteront sur un ensemble de thèmes : «Pour un nouveau régime de croissance, les points de vue des partenaires sociaux, système de protection sociale, la concrétisation d'une société civile plurielle, pour une gouvernance rénovée, un dialogue social permanent et une démocratie participative…»