Deux puissantes explosions ont secoué dans la nuit de mardi à mercredi le centre de Tripoli épargné pendant trois jours par les bombardements de l'Otan. De son côté, la rébellion a pris hier le contrôle de deux bourgades, Zawit al-Bagoul et al-Lawanya, sur la route de Yefren à l'ouest. La veille, les rebelles avaient pris al-Rayayna, à quelques kms avant Zawit al-Bagoul. Ces succès enregistrés par les rebelles à l'ouest interviennent au lendemain de grosses pertes dans l'est notamment sur la ligne de front entre Ajdabiya et Brega, où 21 rebelles ont été tués lundi dernier. Malgré la poursuite des bombardements de l'OTAN, les interrogations sur la capacité de l'Alliance atlantique à disposer de moyens militaires suffisants pour mener à bien sa mission sont toujours posées. Après l'annonce de la prochaine défection de la Royal Navy et l'amendement adopté par la Chambre des représentants américaine visant à interdire l'utilisation de fonds pour les opérations militaires américaines en Libye, la question des ressources de l'OTAN est devenu critique. Pour sortir de cet engrenage, plusieurs responsables politiques occidentaux tentent d'obtenir la démission du colonel Kadhafi. Washington, dans l'espoir d'isoler de plus en plus Khadafi, a demandé à tous les Etats africains d'appeler Kadhafi à quitter le pouvoir et d'expulser les diplomates pro-Kadhafi. Déjà hostile à l'intervention de l'OTAN, le président sud-africain Jacob Zuma est monté au créneau en accusant l'Alliance d'outrepasser la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU «pour obtenir un changement de régime, pour des assassinats politiques et pour une occupation militaire étrangère». Dans le même sillage, des élus du Congrès américain ont annoncé hier qu'ils allaient déposer une plainte contre le président Barack Obama devant un tribunal fédéral à Washington concernant l'action militaire américaine engagée en Libye. Le représentant démocrate Dennis Kucinich et son collègue républicain Walter Jones ont indiqué qu'ils se rendraient au tribunal fédéral où ils déposeront leur plainte avant de s'adresser à la presse. D'autres élus des deux bords, mécontents de l'action de l'administration en Libye, devraient se joindre à leurs collègues. Les deux membres du Congrès critiquent depuis plusieurs semaines l'action militaire lancée par le président Barack Obama en mars dernier contre le régime libyen sans l'autorisation du Congrès. Ils se réfèrent à une loi américaine de 1973 ou «Loi sur les pouvoirs de guerre» (War Powers Resolution) conçue pour limiter les pouvoirs présidentiels sur le déclenchement des guerres, qui n'a pas été respectée par le président Obama ainsi que par d'autres présidents avant lui. Un membre du Congrès US a appelé, quant à lui, la Cour pénale internationale (CPI) à «juger l'OTAN pour violation des résolutions internationales» en Libye, suite aux déclarations de responsables de l'Alliance indiquant que le leader libyen «est devenu un objectif légitime des opérations militaires» dans ce pays. Sur le plan diplomatique, la tentative de médiation russe se poursuit. L'envoyé spécial du Kremlin pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov, doit se rendre aujourd'hui à Tripoli où il aura des entretiens avec des membres du gouvernement libyen, après avoir rencontré des représentants de la rébellion libyenne à Benghazi la semaine dernière. M. Marguelov a souligné que sa mission avait lieu «dans le cadre des instructions données par le Président russe». Il a indiqué avoir l'intention de s'entretenir avec le chef du gouvernement libyen Baghdadi Mahmoudi, le chef de la diplomatie Abdelati al-Obeïdi, et d'autres membres de la direction, a ajouté la même source. H.Y./agences