Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a accepté de rester en dehors de négociations pour sortir de la crise, a fait savoir hier le Comité des médiateurs de l'Union africaine sur la Libye, réuni en Afrique du Sud. Aux termes d'une réunion d'une journée à Pretoria sur la situation en Libye, cinq dirigeants africains du comité (Afrique du Sud, Congo, Mali, Ouganda, Mauritanie) ont salué dans une déclaration commune cette décision du dirigeant libyen sans autres précisions. Le président Jacob Zuma a souligné lors de cette rencontre la «préoccupation du comité et de l'assemblée de l'Union Africaine devant les «bombardements continus de l'OTAN», ajoutant que «la finalité de la résolution 1973 n'était pas d'autoriser une campagne pour un changement de régime ou un assassinat politique» de Mouammar Kadhafi. M. Zuma a en outre, pressé le colonel Khadafi et les rebelles à «des compromis» pour parvenir à un accord car «la solution en Libye doit être politique et repose dans les mains du peuple libyen». Les cinq chefs d'Etat devaient notamment s'entretenir, de la mise en place d'un cessez-le-feu et de la sécurisation de l'aide humanitaire. Deux points essentiels contenus dans la feuille de route proposée par l'Union Africaine pour résorber la crise libyenne et l'instauration d'une période de transition conduisant à des élections démocratiques. L'UA qui tente de désamorcer la crise doit attendre maintenant la réaction des rebelles qui, eux-mêmes, attendaient, samedi au soir, une offre de Kadhafi pour mettre fin à une guerre de plus de quatre mois. La réponse de Kadhafi ne s'est pas faite attendre. Le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, a déclaré hier dans la matinée que le colonel Mouammar Kadhafi ne quittera ni le pouvoir ni le pays «Kadhafi est ici et il reste. Il dirige le pays, il ne le quittera pas et il ne démissionnera pas, parce qu'il n'a aucun poste officiel» ajoutant «C'est notre pays. Nous ne le céderons pas à des gangs de criminels qui ont pris nos villes en otage. Nous ne le céderons pas à l'organisation criminelle de l'Otan». Donc Khadafi ne quittera pas le pouvoir mais ne participera pas aux négociations. En réalité, Khadafi a toujours déclaré être le «guide» et qu'il ne pouvait pas démissionner parce qu'il n'occupe officiellement aucun poste. En annonçant qu'il ne participera pas aux négociations, il n'en demeure pas moins qu'il continuera à revendiquer son statut virtuel de guide. Est-ce que cela conviendra à la rébellion qui a, depuis le début, rejeté la feuille de route de l'UA réclamant, comme préalable à toutes négociations, que Khadafi quitte pouvoir. A bien y réfléchir, la rébellion a tout à gagner en acceptant cette offre. Car si réellement des élections démocratiques sont organisées, une nouvelle Libye naîtra avec une nouvelle constitution qui ne prévoira pas un statut de «Guide».Khadafi sera alors «détrôné» sans recourir aux armes. La réponse de la rébellion est primordiale. Elle permettra dans le cas d'acceptation de l'offre de l'UA d'aborder la mise en œuvre de la feuille de route lors du 17ème sommet qui se tiendra jeudi et vendredi prochain, à Malabo, en Guinée-équatoriale. D'ici là, rien n'est gagné puisque même au sein de l'UA, les Etats sont divisés. Il suffit de rappeler que le président mauritanien avait estimé que Kadhafi ne pouvait «plus diriger la Libye» et que son voisin sénégalais, Abdoulaye Wade, était sur le point de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) après sa visite, le 9 juin dernier, à Benghazi, le fief de l'opposition. H. Y./agences