L'armée syrienne a pénétré hier dans de nouveaux villages de la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, non loin de la frontière turque, selon un militant des droits de l'Homme. Mardi, l'armée, appuyée par des dizaines de chars et de blindés, était entrée dans un autre village de la province d'Idleb, celui d'Al-Rami, non loin de l'autoroute menant à Alep. Deuxième ville de Syrie et cœur économique du pays, Alep est l'une des rares villes où les rassemblements contre le pouvoir ont été jusqu'à présent modestes. Près de 300 avocats ont fait hier un sit-in à l'intérieur du palais de justice. Ils y ont scandé des slogans en faveur de la liberté et de la libération des prisonniers politiques tels que «Le sang syrien est précieux!» et «Le peuple syrien est un !». Parallèlement, des avocats partisans du président Assad ont organisé un sit-in dans une autre pièce du bâtiment. Les militants pour la démocratie ont, pour leur part, appelé sur Facebook à une mobilisation aujourd'hui à Alep. L'intervention des militaires mardi dans le village d'Al-Rami était survenue à la suite d'une nouvelle manifestation nocturne de plus de 2 000 habitants à Idleb, avait alors expliqué M. Abdel Rahmane. D'autres rassemblements contre le régime ayant regroupé des milliers de personnes avaient eu lieu au cours de la nuit de lundi à mardi dans plusieurs autres parties du pays, dont Damas, a dit M. Abdel-Rahmane. Et mardi soir, entre 50 000 et 60 000 manifestants ont défilé, comme chaque jour, à Deir Ezzor (Est), selon des militants. Après avoir ratissé plusieurs secteurs du Nord-Ouest frontalier de la Turquie et poussé des milliers d'habitants à fuir, les militaires ont étendu dimanche leur offensive dans le Sud où ils sont entrés dans Kseir, provoquant là aussi l'exode de Syriens, cette fois vers le Liban voisin. Depuis le début des contestations le 15 mars dernier, le pouvoir, qui ne reconnaît pas explicitement l'ampleur des manifestations, évoque la présence de «terroristes armés qui sèment le chaos», pour tenter de justifier l'intervention de l'armée. M. Abdel Rahmane a en outre fait état hier de nouvelles arrestations, celles d'un dirigeant du Parti de l'union socialiste (opposition), mardi soir à Alep, et d'un dirigeant kurde du parti Al-Mostakbal (opposition) à Hassaké (nord-est). Depuis le début du mouvement de contestation, pas moins de 1 300 civils auraient été tués et 10 000 personnes arrêtées par les forces de l'ordre syriennes, selon des organisations des droits de l'Homme. Au cours de leur rencontre inédite lundi à Damas, une centaine d'opposants indépendants et d'intellectuels ont appelé à la poursuite du «soulèvement pacifique» jusqu'à l'avènement de la démocratie en Syrie. Pour autant, la réunion a été dénoncée par les Comités de coordination de la révolution qui ont déclenché le mouvement de contestation et qui ont jugé qu'elle s'était déroulée «sous la bannière du régime tyrannique». Les Etats-Unis et la France l'avaient, en revanche, accueillie favorablement. R. I.