Un frais rapport du conseil de l'Union économique arabe met en exergue la hausse enregistrée dans les échanges commerciaux entre les pays de la région. En 2006, note le même rapport, la valeur du commerce interarabe a vu cette tendance à la hausse se solder par une croissance de 16,8%, entre exportations et importations. Le conseil souligne, à l'occasion, que les échanges sont concentrés entre des pays voisins et cite les cas des exportations du Qatar consacrées aux Emirats arabes unis avec un taux de 62%, celles de la Tunisie à la Libye à hauteur de 57% ou encore celles du Yémen aux Emirats arabe unis avec 36% et à l'Arabie saoudite avec 25%. C'est dire le poids et l'influence de la relation naturelle de proximité sur les rapports commerciaux dans la région qui gagnerait sans doute à voir cette manière de faire se développer davantage au bénéfice de blocs de pays, ou sous-régions, capables de s'affirmer en véritables zones d'échanges commerciales fleurissantes et rentables. A ce sujet, le projet d'un Maghreb arabe fort par ses échanges commerciaux pourrait sans doute servir d'exemple, pour peu que la volonté de bâtir ce Maghreb soit sincère et arrive à avoir raison des divergences qui bloquent ce projet. Car des valeurs d'exportations et d'importations dans une zone maghrébine ont sûrement meilleur crédit que d'autres valeurs d'échanges isolés entre la Tunisie et la Libye, entre l'Algérie et la Tunisie, entre la Tunisie et la Mauritanie ou entre l'Algérie et le Maroc. Bien sûr, ce qui est valable pour les pays du Maghreb arabe l'est également pour ceux du Machrek arabe. Il est presque certain que ce sont les chemins des zones et sous-zones réellement dynamiques qui ouvrent la voie vers une région arabe grande et, surtout, forte par ses échanges commerciaux qui viendraient encourager les investissements et la production locale tout en réduisant la dépendance d'autres régions, synonyme, elle, d'improductivité et de marché d'emploi sans perspective. Ce n'est que par la mise en place de pareils espaces qu'il sera légitime de prétendre à une augmentation conséquente des échanges commerciaux interarabes capables, à l'occasion, de renforcer le pouvoir de négociation avec des blocs économiques puissants, à l'image de l'Union européenne. En attendant, l'augmentation des échanges évoquée par le conseil de l'Union économique arabe reste explicitement insignifiante, ne représentant qu'un faible taux du commerce extérieur des pays concernés. D'autant qu'ils ont beau évoluer à la hausse, ces échanges continuent à souffrir d'un manque de diversification des produits et dépendent fortement de l'industrie pétrolière. Autrement dit, les pays arabes peuvent, et doivent, mieux faire. L. I.