La Norvège s'est réveillée hier sous le choc, après l'attentat la veille à Oslo suivi du carnage dans l'île proche d'Utoeya. Alors que les soupçons se sont promptement dirigés vers la piste islamiste, la police norvégienne a inculpé un fondamentaliste chrétien suspecté d'être l'auteur du carnage. Vendredi après-midi, deux attaques, l'explosion d'une bombe dans le centre d'Oslo et une fusillade sur l'île d'Utoeya à une quarantaine de kilomètres, ont ébranlé un pays jusque-là épargné par les attentats terroristes. Le bilan provisoire est d'au moins 92 morts, dans ce qu'on qualifie désormais comme le pire massacre commis en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. Le suspect arrêté est un Norvégien de souche âgé de 32 ans. Les médias norvégiens parlent d'un certain Anders Behring Breivik, considéré comme proche des milieux d'extrême droite. Dans des documents le concernant, l'homme dit même avoir des opinions hostiles à l'Islam. Au fil des informations distillées par les médias, le spectre du terrorisme d'extrême droite remonte à la surface. Le carnage, qualifié de «tragédie nationale» par le Premier ministre Jens Stoltenberg, s'est enclenché vendredi en milieu d'après-midi par un attentat à la bombe en plein cœur du quartier des ministères dans la capitale, Oslo : sept morts et neuf blessés graves. Quelque temps après, sur l'île d'Utoeya, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, un homme ouvre le feu sur les participants d'une université d'été de la jeunesse du Parti travailliste, perpétrant un véritable carnage. L'homme s'est introduit dans le camp en se faisant passer pour un policier et a tiré à bout portant sur les participants. Le bilan provisoire est de 84 personnes tuées dans la fusillade. Plusieurs jeunes ont tenté de s'enfuir de l'île à la nage en se jetant à l'eau. Des corps de victimes ont été repêchés dans les rivages. Toute la Norvège s'interrogeait hier sur les raisons d'un tel acte. Espacées d'environ une heure, les deux attaques semblent avoir visé le Parti travailliste au pouvoir. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, la Norvège n'avait été frappée par un crime de cette ampleur. Dans une référence patente aux attaques du 11 septembre 2001, le premier journal norvégien Aftenposten publiait hier, en une, la photo du bureau du Premier ministre, Jens Stoltenberg, ravagé par l'explosion avec ce titre qui fera date : «22-07-2011». Après les attaques, l'armée et la police norvégiennes ont renforcé la sécurité près des bâtiments et institutions potentiellement menacés. Le double attentat est le plus sanglant en Europe, depuis ceux du 11 mars 2004, à Madrid, qui avaient fait 191 morts et avaient été revendiqués par Al-Qaïda. L'attentat d'Oslo et le carnage de l'île de Utoeya ont provoqué un choc et une vague d'indignation à travers le monde. Les Etats-Unis, l'Union européenne et de nombreux pays ont condamné la tragédie et adressé leurs condoléances aux Norvégiens. M. B.