A la salle El Mouggar, samedi soir, Nadia Benyoucef n'a pas fait salle comble, mais elle a été fortement applaudie par les présents, ses fans de longue date, toujours passionnés de la musique algéroise et de la chanteuse qui continue de l'interpréter si bien. C'était un public distingué, composé essentiellement de femmes mais aussi d'hommes, sans doute nostalgiques non seulement de la belle musique algéroise, mais de la vie dans Alger, El Bahdja, d'il y a au moins une vingtaine d'années. Aucune personne n'est montée sur scène pour danser… Seuls quelques mouvements timides de la tête et des épaules pour répondre aux chatouillements des sons, des paroles et de la voie envoûtante de celle qui est restée fidèle à elle-même et au patrimoine culturel ancestral. Pendant une heure et demie, debout devant le micro, l'élève de Fadila Dziria a entonné son récital, digne, confiante et souriante surtout. Respectueuse de son public, celui-ci le lui rend bien. Il est attentif, admirateur, concentré sur les mots et les gestes. Il répond par de fortes ovations et des youyous nombreux à chaque récit, à chaque refrain qui le replonge dans l'ambiance des qaâdat d'autrefois. Nadia Benyoucef, sa musique et ses chansons ravivent les souvenirs les plus agréables d'une capitale qui, aujourd'hui, perd presque tous ses repères. L'espace d'une heure et demie, les nostalgiques retournent dans un passé qu'ils veulent présent à La Casbah, Bab Azzoun, Qaâ Sour, Bab El Oued, Bologhine, Soustara… Alger, la capitale. Tewahacht el assima, entonnent les fans avec la chanteuse. Rani mouadaâtak ya baba, Yaloumima, El Kahwa wa latay… et d'autres chansons flattent les sens, adoucissent le cœur, détendent le corps. Les convives se sentent à l'aise chez eux. L'admiration est telle qu'aucun d'entre eux n'a quitté la salle avant que l'interprète de la musique algéroise ne s'excuse pour laisser la place à un autre, un grand chanteur, son ami de longue date, Abdelkader Chaou, avec qui elle a chanté l'inoubliable El Waldine. Malheureusement pour le public, Nadia Benyoucef est partie, le remerciant et lui souhaitant bon Ramadhan, sans la chanter. «Je suis venue spécialement pour la voir chanter El Waldine en duo avec Abdelkader Chaou. J'adore les voir répéter cette chanson ensemble… Dommage !!!», confie une femme, la trentaine, à la sortie de la salle El Mouggar. Minuit passé, elle dit qu'elle doit rentrer chez elle pour se lever de bonne heure le matin et se rendre à son travail. Elle rate donc un autre chanteur qu'elle «aime mais…». Ce dernier est attendu dans d'autres salles durant ce mois. Peut-être qu'elle aura l'occasion de le retrouver. K. M.