L'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger qui revendique implicitement à travers ces nombreux programmes artistiques les valeurs patrimoniales ainsi qu'un certain classicisme, mettra samedi prochain à l'affiche de la salle Rex d'El Biar, Nadia Benyoucef. Le spectacle de routine, 100% hawzi débutera à 15h. Nadia Benyoucef ? A ses débuts dans les années 70, elle avait un mentor qui s'appelait, Seloua, qui elle à son tour avait un autre mentor nommé, Fadila Dziria. Le fil de la tradition lyrique algéroise n'est pas rompu. Et même après sa longue traversée du désert, (à peu prés 30 ans), Seloua se dit fiere d'avoir guidé une Nadia Benyoucef qui a fini à la longue par imprimer son nom en lettres d'or sur le parchemin de la musique traditionnelle. Durant sa traversée du désert, Seloua a eu le temps de faire trois Omra, de même pour Nadia Benyoucef qui a accepté en 2006, le billet offert par le Président pour effectuer un pèlerinage à la mecque. Depuis, toutes les deux se voilent et ne supportent aucune subversion comprendre invention qui s'éloignerait des canons de la musique chaâbie, populaire. Le raï, c'est leur hantise. Trop débridé à leur goût, sauf celui des anciens qu'a repris Khaled. Pour la petite histoire, lors de son invitation l'an dernier par Arts et Culture pour un come-back sur la scène artistique après 30 ans de rupture, Seloua a vivement revendiqué l'installation d'un comité de censure pour filtrer tous les mots des jeunes artistes. La chanteuse ne supporte pas " les mots déplacés " les syllabes frivoles. Mais bon. Regardons, un peu d'où nous est venue cette Nadia Benyoucef très prisée dans les fêtes de mariage et autres baptêmes. Comme la plupart des artistes de chez nous qu'ils soient chanteurs ou comédiens, Nadia Benyoucef est née à Bab Djedid quartier populeux et historique de la Casbah d'Alger, en 1958. Brillante interprète, elle serait originaire des environs de la ville côtière de Cherchell. Eléve dans l'association algéroise El-Mossilia, elle abandonne ses études et se présente tout comme Mami à l'émission télévisuelle de l'époque, Alhane oua Chabab. L'émission est un peu l'équivalent de graine de star d'aujourd'hui, était bien sûr consacrée aux jeunes talents. Celle ci la révèle au public en 1973, alors qu'elle n'avait que 15 ans. Par le timbre chaud et fin de sa voix, Nadia Benyoucef introduit une note de fraîcheur dans l'interprétation du hawzi. " Leytim " lui servira de prélude avant le grand succès de " Ya l'Mima ", chanson qui lui a été spécialement composée par Rabah Driassa. Sa collaboration avec deux compositeurs confirmés, Maâti Bachir et Tahar Benhamed, ne lui apporte que des satisfactions : Yal Warda et El Khatem. Ses duos avec Chaou (El Waldine et Kahwa ou Latey) et Kouffi (Yassadni et Lazem Tedbir) ne passeront pas inaperçus. Toutefois, la presque totalité de sa carrière reste marquée par deux personnalités : Maâti Bachir pour la composition (Aâmrat Dari, Lqit Lghzel, El Mouhami, etc.) et Saloua pour les conseils, elle quitte l'enseignement pour se consacrer à la musique et à son foyer. Questionnée sur ce qu'elle pense des partis politiques (en 1990), elle a répondu " mon parti à moi, c'est mon public et ma politique c'est la musique ". Au mois de juin 1994, Nadia Benyoucef annonça brusquement son retrait définitif de la scène artistique, allant jusqu'à demander à la radio et à la télévision de cesser la diffusion de ses chansons. Nadia Benyoucef insistera sur le fait que les raisons de son retrait sont "volontaires et personnelles".Toutefois, Nadia Benyoucef reprendra le chant de manière discrète et s'installa à Marseille (1996). Aujourd'hui, elle a repris les chemins des arénes, au grand bonheur de ces fans. Comme quoi les convictions sont frivoles.