Le régime syrien semble décidé à utiliser tous les moyens pour tuer toute résistance chez l'opposition. L'envoi de navires de guerre et de chars pour réprimer une contestation civile et pacifiste ne fait que confirmer cette hypothèse. Des navires de guerre ont participé hier, pour la première fois, à une attaque en Syrie, contre la ville côtière de Lattaquié, faisant au moins 23 morts et des dizaines de blessés, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, des navires de guerre équipés de mitrailleuses lourdes et des chars participaient à l'offensive sur al-Raml al-Jounoubi, Théâtre, ces derniers jours, de manifestations massives réclamant la chute du régime syrien. En mai, lors d'une opération de l'armée à Banias dans le nord-ouest, les navires avaient seulement patrouillé au large, sans faire feu. Parmi les victimes, l'OSDH a recensé des Syriens mais aussi des Palestiniens. Le quartier visé par l'offensive abrite en effet le camp d'al-Ramal, où vivent de nombreux Palestiniens. Samedi matin, une vingtaine de blindés s'étaient regroupés à al-Raml al-Jounoubi, et les habitants, redoutant une offensive, avaient fui en nombre. Hier, après «des tirs nourris pendant des heures», «un grand nombre d'habitants, en particulier des femmes et des enfants» ont fui également le quartier de Qniniss, a indiqué l'OSDH, un organisme basé en Grande-Bretagne qui s'appuie sur les témoignages de militants sur place. Les forces de sécurité ont fait usage de lance-roquettes dans le quartier al-Sakentouri et un enfant a été blessé dans le quartier voisin de Boustane Saydaoui, a ajouté l'OSDH. De leur côté, les Comités de coordination de la Révolution syrienne ont affirmé que plus aucun train ne circulait en direction et en provenance de Lattaquié. Selon l'OSDH, deux civils, dont un jeune homme de 17 ans, avaient déjà été tués à Lattaquié samedi, et des manifestations à l'issue de la prière nocturne des Tarawih dans cette ville avaient essuyé des tirs des forces de sécurité. En Jordanie, l'agence officielle Petra a annoncé la mort d'un ressortissant jordanien de 20 ans, qui a succombé à ses blessures après avoir été touché par un tireur embusqué alors qu'il rendait visite à des proches à Homs, dans le centre de la Syrie. En outre, l'armée et les forces de sécurité syriennes sont entrées dans la nuit de samedi à dimanche dans les banlieues damascènes de Sakba et Hamouriya et ont procédé à de nombreuses arrestations, selon la même source. Des tirs nourris ont été entendus dans ces deux localités. Dans les faubourgs de la capitale comme à Lattaquié, les habitants étaient toujours isolés du monde dimanche, l'armée recourant de plus en plus fréquemment à des coupures des communications téléphoniques et de l'internet. Dans un communiqué publié dimanche, six ONG de défense des droits de l'Homme ont appelé à la libération «immédiate» d'Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme et source importante d'informations pour la presse étrangère, dont les mouvements dans le pays sont très limités. Sur le plan diplomatique, le président américain Barack Obama a, à nouveau, évoqué sa préoccupation, samedi, en s'entretenant au téléphone avec deux de ses alliés, le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le Premier ministre britannique David Cameron. Les trois dirigeants ont exigé un arrêt «immédiat» des violences. Dans le même temps, le Canada a gelé les actifs de quatre autres dignitaires du régime, dont un oncle de M. Assad et le chef de la sécurité militaire de Hama (centre), où une offensive de l'armée, début août, a fait plus d'une centaine de morts. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi une réunion spéciale qui sera consacrée aux droits de l'Homme et à l'urgence humanitaire en Syrie. G. H./Agences