Une guerre confessionnelle avec pour inévitables conséquences la déstabilisation de tout le Proche-Orient. Voilà ce qui hante aujourd'hui, plus qu'hier, les dirigeants syriens, confrontés, depuis le 15 mars dernier, à l'une des plus graves crises que le pays ait connue jusqu'ici. Après ses déclarations, samedi, faisant état d'un plan fomenté par des «mains étrangères» visant «l'unité» de la Syrie, la conseillère spéciale du président syrien, Bouthaïna Chaâbane, a annoncé hier, mais sans avancer de date précise, que Bachar Al Assad s'adressera «très bientôt» à la nation pour «expliquer la situation et clarifier les réformes qu'il entend mener dans le pays». Très discret par rapport aux événements qui secouent le pays depuis 12 jours, le chef d'Etat syrien a finalement décidé d'intervenir, alors que la situation sur le terrain va s'aggravant. Autre grande annonce faite par Mme Chaâbane : l'abrogation officiellement de la loi d'urgence en vigueur depuis 1963. « La décision d'abroger la loi d'urgence a déjà été prise mais je ne sais pas quand elle sera mise en application », dit-elle. Fini les temps des restrictions sur les libertés de réunion, de déplacements, la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias ? Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdelrahmane, 2.000 personnes condamnées par la Haute Cour de sûreté de l'Etat devraient recouvrer leur liberté. Sur le terrain, hier, c'était au tour à l'armée d'intervenir, et pour la première fois, à Lattaquié, à 350 km au nord-ouest de Damas, théâtre depuis vendredi de graves troubles ayant causé la mort de douze personnes, dont deux hommes armés, dans des accrochages. « Le bilan officiel à Lattaquié, une ville habitée par des sunnites, des alaouites et des chrétiens, est de dix membres des forces de sécurité et civils ainsi que deux hommes armés tués dans une agression contre les forces de l'ordre », a-t-elle dit. Des renforts militaires ont pénétré dans cette importante ville du littoral nord-ouest du pays pour faire cesser les tirs de francs-tireurs postés sur les toits qui ont fait depuis vendredi quatre morts, dont deux officiers, et 150 blessés. Des dizaines de voitures et des magasins ont été brûlés selon un quotidien syrien. La représentante du président a accusé les «extrémistes musulmans d'être derrière l'attaque, avec l'objectif de susciter des dissensions confessionnelles dans le pays». Damas promet de dévoiler «bientôt» la nationalité des fauteurs des troubles et des snipers.