Aucune information n'a filtré sur les négociations entre rebelles et pro-Kadhafi qui ont eu lieu à Djerba en présence de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Abdul Ilah al-Khatib. Même juste après ces négociations, la rébellion, qui refuse de reconnaître sa participation à cette rencontre, affiche une conviction totale quant à sa victoire proche et une chute du régime Kadhafi même avant la fin de ce mois de carême. Les rebelles, qui se targuent d'être aux portes de Tripoli, ont commencé activement à préparer l'après-Kadhafi. Ils ont d'ailleurs publié hier leur «déclaration constitutionnelle». Dans cette feuille de route qui définit la procédure à suivre après la chute de Kadhafi, il est prévu de remettre le pouvoir à une Assemblée élue dans un délai de moins d'un an et l'adoption d'une nouvelle Constitution. Ce document est une version modifiée et détaillée de la feuille de route, présentée en mars dernier par le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion. Il décrit en 37 articles, et sur une dizaine de pages, les grandes étapes de la période de transition suivant une éventuelle chute du colonel Mouammar Kadhafi. Le CNT réaffirme être «la plus haute autorité de l'Etat (...), il est le seul représentant légitime du peuple libyen, et tire sa légitimité de la révolution du 17 février». Dès la «déclaration de libération», il quittera la capitale rebelle Benghazi pour venir siéger à Tripoli. Une fois au pouvoir, le CNT aura à nommer un bureau gouvernement intérimaire chargé de la conduite des affaires du pays. Ce gouvernement aura notamment pour mission d'organiser en 8 mois maximum l'élection d'une Conférence nationale, assemblée nationale de transition avec 200 membres. Le CNT quittera le pouvoir dès la première session de cette «Conférence nationale», qui deviendra, dès lors, le représentant légitime du peuple libyen. Ce sera à l'assemblée de transition ensuite de nommer le Premier ministre, rédiger une nouvelle constitution, organiser des élections…. Convaincus donc de l'approche de la fin du régime Kadhafi, les rebelles, confiants, affirment être proches d'une victoire finale grâce notamment à la prise de contrôle de trois localités : Zaouïa, Gharyane et Sorman. Leur conquête a permis aux rebelles de contrôler un segment de la route côtière et de couper la ligne d'approvisionnement entre la Tunisie et Tripoli, essentielle pour le régime de Mouammar Kadhafi. A Brega, poste avancé des pro-Kadhafi dans l'Est, les insurgés ont aussi progressé ces derniers jours et ils contrôlent désormais la quasi-totalité de la zone résidentielle. Du côté du régime, le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a affirmé que Bregan, Sorman et Zaouïa sont encore entièrement sous contrôle des forces gouvernementales. Le porte-parole a démenti toute prise de contrôle par les rebelles de ces deux villes et reconnu toutefois que ces derniers avaient pénétré dans certains quartiers de Sabratha et de Salman, deux villes situées à environ 60 km à l'ouest de la capitale Tripoli. En outre, M. Ibrahim a indiqué que les forces gouvernementales contrôlaient encore les zones clés de Misrata. Il a également fait savoir que les deux camps s'étaient livré «une bataille acharnée» ces derniers jours à Gharyan, une ville située sur l'axe de circulation principal reliant Tripoli aux montagnes de Nafoussa. Mieux, Kadhafi a également promis, lundi dernier, dans un message sonore diffusé par la télévision libyenne, la fin proche des rebelles. La veille, il avait utilisé pour la première fois depuis le début du conflit il y a six mois, un missile balistique «de type Scud» contre des lignes rebelles. Ce geste jugé «irresponsable» par un porte-parole de l'Otan a été traduit comme un geste «désespéré» du régime, «il devient de plus en plus clair que les jours de Kadhafi sont comptés, que son isolement est de plus en plus important chaque jour». Depuis le début du conflit en Libye, les responsables américains affirment que les jours du régime libyen sont comptés, les six mois passés les ont désavoués. H. Y./agences