De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Huit blessés légers, pas moins de douze interpellations, des dégâts matériels considérables et un gala de Rabah Asma annulé. Tel est le bilan d'une soirée ramadhanesque très mouvementée, jeudi dernier, au centre-ville de Tizi Ouzou où des centaines de jeunes et de moins jeunes de différents quartiers de la ville et de la haute ville ont déferlé sur le siège local de Sonelgaz pour crier leur colère déclenchée par une coupure d'électricité qui a duré pas moins de vingt-quatre heures. Ce sont donc tous les produits alimentaires sensibles achetés au prix fort à l'occasion du mois de Ramadhan qui sont perdus par des familles qui souffrent déjà de la détérioration de leur pouvoir d'achat. Exigeant le départ du directeur local de la SDC Sonelgaz, installé à Tizi Ouzou depuis trois ou quatre années, les habitants de plus de vingt quartiers de la ville des Genêts se sont dirigés vers 22 heures au siège de l'entreprise publique pour l'arroser de pierres et autres projectiles, avant de ramasser toutes sortes de détritus pour allumer un feu aux alentours du lieu. Les pourparlers menés par des officiers de police avec les manifestants en colère n'ont pas abouti. Bien au contraire, cela a accentué la colère des mêmes citoyens qui se sont retrouvés engagés dans de violents affrontements avec les éléments des forces de l'ordre dépêchés rapidement sur les lieux. Les policiers, conscients de la légitimité de la colère citoyenne et ayant certainement reçu des instructions dans ce sens, étaient très «conciliants» avec les manifestants, au point où seulement deux ou trois grenades à gaz lacrymogène ont été utilisées, limitant au maximum l'intensité des affrontements. D'ailleurs, le face-à-face a vite baissé d'intensité, même si les manifestants se sont dirigés vers la résidence du wali d'où ils ont été éconduits par des dizaines de policiers. Une partie des manifestants s'en est prise au stade Oukil-Ramdane où devait avoir lieu un spectacle de l'artiste Rabah Asma. Pour eux, il n'était pas question que les gens s'amusent «à grande consommation électrique» alors que des milliers de citoyens vivent sans courant électrique depuis vingt-quatre heures. Après une attente qui a duré longtemps, les organisateurs ont pris la décision vers minuit, d'annuler le spectacle pour, officiellement, se solidariser avec les victimes de la coupure électrique, mais cela cachait mal leur peur de voir la suite du programme ramadhanesque connaître des perturbations, notamment les spectacles de Lounis Aït Menguellet programmé pour hier et de Cheb Khallas qui doit se produire ce soir.Entre-temps, des escarmouches moins violentes se poursuivaient dans différentes rues et ruelles de la ville des Genêts, d'autant plus que les quartiers concernés par la rupture du courant électrique sont en partie situés en ville, à l'instar de la cité des fonctionnaires, M'douha, la cité Million, le Cadi, la Carrière ainsi que la totalité des quartiers de la haute ville. 24 heures sans électricité, expliquée par des ruptures de câbles électriques due à une surcharge de la consommation, notamment en cette période de canicule invivable qui s'est abattue sur Tizi Ouzou depuis quelques jours. Finalement, le courant électrique sera rétabli peu après minuit, au grand soulagement des citoyens qui ont aussitôt regagné leurs foyers. Reste à savoir comment vont procéder les responsables de la culture de Tizi Ouzou pour rembourser les centaines de fans de Rabah Asma, repartis déçus par la tournure prise par le spectacle.