De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La wilaya de Tizi Ouzou semble avoir renoué avec le calme après trois jours de troubles qui ont touché pas moins de quatre localités, en plus du chef-lieu de wilaya, à savoir Aïn El Hammam, Draa Ben Khedda, Tadmaït et Draa El Mizan. Durant la journée d'hier, Tizi Ouzou n'a connu aucun incident jusqu'en fin d'après-midi, ce qui semble réjouir les citoyens qui ont assisté impuissants à la destruction de plusieurs édifices publics, notamment le siège de la Casoral, pénalisant ainsi les assurés sociaux que sont les travailleurs. Les sièges des tribunaux ont été particulièrement ciblés par les jeunes émeutiers, entre vendredi et dimanche dans les localités de la wilaya qui ont connu des troubles ; mais les agences des institutions bancaires ont également été touchées, causant des dégâts considérables que le contribuable paiera tout naturellement. Le bilan de ces trois jours de troubles sera lourd, très lourd sur le plan matériel, même si les dégâts ne sont pas encore estimés. En trois jours, des dizaines de blessés ont été également enregistrés parmi les éléments des forces de l'ordre, mais aussi des jeunes émeutiers, dont deux ont été touchés par des balle en caoutchouc dans la localité de Tadmaït. De nombreux membres des forces antiémeute (on avance le chiffre de 80) ont été blessés à des degrés de gravité différents lors de ces affrontements qui ont, par ailleurs, incommodé toute la population de la région. D'un autre côté, les interpellations des manifestations ont concerné depuis le début des affrontements plus de trente personnes, mais toutes ont été relâchées sans poursuites judiciaires, selon des sources sécuritaires qui parlent de onze personnes interpellées le premier jour vendredi, quatre personnes le samedi et seize autres jeunes durant la journée de dimanche. Les jeunes ont-ils entendu les appels au calme lancés par l'Etat après les mesures prises en faveur de la réduction des prix de l'huile et du sucre ? Ce n'est pas exclu, mais d'aucuns à Tizi Ouzou pensent que la non-implication de la population dans ces troubles signifie que ces événements ne concernaient pas réellement la hausse du prix de ces produits alimentaires ces derniers jours, même si cela peut constituer un facteur déclenchant. Beaucoup de jeunes ont renoncé à y participer parce que ces affrontements ont été qualifiés d'émeutes de la faim dans le but de «les vider de toute leur substance politique», disent de nombreux citoyens rencontrés hier au centre de la ville des Genêts, appelant les pouvoirs publics à initier des actions fortes en faveur de la démocratie et des libertés.