La présence de Medelci à Paris a été une occasion pour clarifier la position algérienne sur les développements en Libye. Pour Medelci, la position algérienne n'est pas ambiguë et est partagée, désormais, par nombre d'acteurs internationaux, Lors de cette rencontre, «j'ai eu un certain nombre de contacts, dont un à l'Elysée avec mon homologue français, Alain Juppé, avec qui j'ai échangé un certain nombre de propos sur les positions exprimées par M. Juppé et par moi-même à travers des médias français le jour même. Et il a concédé que nos positions se rapprochaient, à la lumière de ces échanges médiatiques», a affirmé le chef de la diplomatie algérienne, dans une déclaration à l'APS, au lendemain de sa participation à «la conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle». A quelques heures de l'ouverture de cette conférence, M. Medelci avait affirmé jeudi dernier qu'il n'y a aucune ambiguïté dans la position algérienne concernant le conflit en Libye et que sa neutralité n'est pas synonyme de complicité avec le régime de Mouammar Kadhafi. Dans un autre média français, son homologue, Alain Juppé, estimait qu'Alger avait eu «une attitude ambiguë» pendant la crise libyenne et a «regretté» que les autorités algériennes ne reconnaissent pas le Conseil national de transition (CNT). Emettant des observations sur la conférence de Paris, présentée comme celle des «amis de la Libye», M. Medelci a relevé la participation de nombreux pays dont certains n'ont pas à ce jour reconnu le CNT, en particulier des pays du Sahel, représentés par des chefs d'Etat (Mali, Mauritanie et Tchad) et des ministres des Affaires étrangères (Algérie et Niger). Il a aussi noté une présence plus nombreuse de pays à la conférence de Paris qu'à celle du Groupe de contact (moins de trente) sur plus de soixante délégations étrangères. «Ce n'est pas du tout le même format. C'est un format plus élargi, relativement composite puisqu'on retrouve également des pays qui n'ont pas reconnu le CNT, dont beaucoup de pays africains, mais également des pays non africains», a-t-il observé. L'Afrique du Sud n'a pas assisté à la conférence de Paris, et ce, pour exprimer son mécontentement de la façon dont la résolution 1973 de l'ONU a été interprétée pour mener des frappes aériennes en Libye, selon le président Jacob Zuma. «Nous sommes mécontents de la façon dont la résolution 1973 de l'ONU a été interprétée pour mener des frappes aériennes en Libye», a-t-il déclaré lors d'une visite d'Etat en Norvège. A propos de l'intervention militaire étrangère en Libye, Medelci a estimé : «Si nous avons eu un problème avec la façon dont la question a été traitée, ce problème est essentiellement lié au fait que nous sommes chatouilleux sur la question de souveraineté.» Cependant, Medelci a rappelé que l'Algérie avait exprimé «clairement» sa position et sa solidarité vis-à-vis du peuple libyen au niveau de la Ligue arabe, plus récemment avec l'introduction du CNT, et au niveau de l'Union africaine. «L'Algérie est engagée par les conclusions du Conseil de paix et de sécurité du 26 août qui prévoient l'admission du CNT à l'Union africaine, après son admission déjà acquise à la Ligue arabe, après constitution d'un gouvernement représentatif de la majorité des tendances libyennes», a-t-il indiqué, soulignant que ce «point de vue est évidemment celui de l'Algérie». Evoquant les principaux résultats de la conférence de Paris, le ministre des Affaires étrangères a relevé une proposition qui «avance relativement bien et qui pourrait permettre, sous réserve de confirmation en septembre à l'occasion de l'Assemblée générale de Nations unies, de faire occuper le siège de la Libye à l'ONU par le CNT». Il s'est également félicité des points retenus à l'issue du sommet de Paris, dont la restitution des fonds gelés, qui permettront à la Libye d'engranger, à court terme, pas moins de 15 milliards de dollars, ainsi que le consensus dégagé autour de la nécessité de travailler à la réconciliation entre tous les Libyens, d'éviter tout acte de vengeance et d'oeuvrer à la reconstruction de la Libye, à la fois en termes d'institutions, mais également en termes de capacité de réponse aux attentes économiques et sociales. Pour le chef de la diplomatie algérienne, le CNT «annonce un nouveau gouvernement représentatif de toutes les régions du pays, lorsqu'il l'aura fait, nous le reconnaîtrons», a-t-il déclaré sur la radio française Europe 1, à quelques heures de l'ouverture de cette conférence au palais de l'Elysée. Medelci a rappelé qu'il avait rencontré le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, fin août au Caire, et s'était entretenu à plusieurs reprises avec lui au téléphone. Un nouvel entretien a eu lieu jeudi en marge de la conférence de Paris, de même qu'avec Moustapha Abdeljalil, le président du CNT. «Le CNT est porteur des volontés d'émancipation et de plus grande liberté du peuple libyen», a estimé Mourad Medelci, affirmant que l'Algérie avait été surtout gênée par l'intervention militaire étrangère, conduite par la France et la Grande-Bretagne, qui a abouti à la chute de Mouammar Kadhafi. Le ministre des Affaires étrangères algérien a, à l'occasion du sommet de Paris, rencontré une nouvelle fois le président du Conseil exécutif du CNT, Mahmoud Jibril, et «échangé des amabilités» avec le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, qui a été, a dit M. Medelci, «extrêmement chaleureux à l'endroit de l'Algérie, y compris lors de la conférence de presse» qui a suivi la rencontre de Paris. A. G.