L'état de délabrement avancé dans le quel se trouvent la quasi-majorité des ports de pêche nationaux et le laisser-aller qui y règne poussent à croire qu'ils ne sont sous la coupe d'aucune tutelle. «Le découpage de leur gestion à plusieurs structures est en grande partie responsable de cette situation», affirme-t-on du côté du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Selon le directeur de la pêche de la wilaya de Boumerdès, M. Kadri Chérif, «il devient impératif que notre ministère soit le seul gestionnaire des ports de pêche pour pouvoir mettre en place un nouveau mode d'exploitation à même de redynamiser le secteur».Jusqu'à présent, la gestion de ces structures est dévolue aux entreprises de gestion des ports de pêche et des abris de pêche, EGPP, relevant de la Société de gestion des participations de l'Etat des ports, Sogeports. Et si l'on en croit les dires des patrons de pêche que nous avons rencontrés lors de notre passage dans les ports de Zemmouri, Bouharoun et Ténès, ces entreprises ont failli à leur mission ou du moins ont montré leur incapacité à gérer toutes les activités qui gravitent autour des ports de pêche. «Des manquements qui nous pénalisent énormément au quotidien», ont révélé ces derniers. Et de faire savoir que les EGGP sont présentes uniquement à l'amont de la profession (service de carénages), oubliant l'aval, notamment les prestations nécessaires au bon fonctionnement des ports de pêche, à savoir le ravitaillement en carburant, la disponibilité de l'eau pour les besoins d'entretien et les commodités propres aux marins pêcheurs (vespasienne et douches).Quant au volet commercial, «les SGP ne se sentent pas concernées. Elles nous renvoient chaque fois au ministère de la Pêche. Une fin de non-recevoir qui rend plus compliquée notre activité», ont encore souligné nos interlocuteurs. Ce que, d'ailleurs, appuie M. Kadri Chérif pour qui «il est anormal de gérer la ressource en amont et en aval et de ne pas intervenir en matière de commercialisation et de transit de poisson». Pour ce dernier, il est temps que le ministère prenne en charge la gestion des ports de pêche. Une perspective qui vise «une meilleure visibilité et transparence dans la gestion de la ressource halieutique», n'a eu de cesse de marteler le ministre du secteur, Abdallah Khanafou, lors de ses interventions médiatiques. Une orientation qu'il serait important de mettre en œuvre si l'on veut assurer une meilleure exploitation des ports de pêche. Z. A.