Photo : S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Le repos pélagique, période durant laquelle il est interdit de pêcher sur une zone de trois milles marins à partir de la côte du 1er mai au 31 août, de jour comme de nuit, chaque année et dont l'intérêt n'est plus à démontrer, connaît des niveaux d'application différents dans les quatorze wilayas côtières du pays. C'est du moins ce que l'on admet du côté du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. D'une wilaya côtière à une autre, le taux d'observation n'est pas le même. En effet, si dans certaines il est de 100%, dans d'autres, le nombre élevé d'infractions enregistrées à l'encontre de ce dispositif renseigne sur l'irresponsabilité des contrevenants à la loi n°1-11 du 3 juillet 2001 relative à la pêche et à l'aquaculture qui, dans son article 89, prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à une année de prison ferme et/ou 1 million de dinars d'amende. «C'est dans les wilayas de Mostaganem, d'Oran et de Aïn Témouchent que plusieurs cas de non-respect du repos pélagique ont été constatés», selon la cellule de communication du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques.Mais au niveau des chambres de la pêche des trois wilayas, c'est un autre son de cloche. Selon des patrons de pêche, on ne peut demander à des équipages entiers de cesser toute activité pendant quatre mois. «Les maigres économies ont vite fait de s'effriter au bout du deuxième mois sans entrée d'argent», nous a signalé un propriétaire de chalutier immatriculé dans le port de Béni-Saf et que nous avons rencontré lors du dernier salon de la pêche tenu en mai dernier à Alger. D'autres, interrogés sur le même sujet et à la même occasion, ont abondé dans le même sens estimant que la durée du repos pélagique est trop longue. «Ce qui pénalise lourdement les marins pêcheurs», ont-ils ajouté. C'est pourquoi les professionnels de la pêche des wilayas de l'Ouest ont mis l'accent sur la nécessité de prévoir un dispositif de soutien à la corporation qui prévoit de compenser le manque à gagner induit par cette période d'arrêt d'activité. L'idée de créer un fonds de compensation qui sera approvisionné par des cotisations des professionnels, avec une participation de l'Etat, a été ainsi évoquée en attendant qu'elle soit soumise aux autorités concernées. Un point de vue qu'ils ont d'ailleurs fait connaître lors de leur rencontre avec le ministre de la Pêche et des Ressources Halieutiques, Abdallah Khanafou, à l'occasion de son dernier passage dans la wilaya de Aïn Témouchent.Par ailleurs, l'ensemble des directeurs de chambre de la pêche jugent que la détermination de la durée du repos pélagique doit être faite sur des bases scientifiques et non pas de façon empirique. Une approche transmise sur P-V au ministère, qui reste convaincu que la durée actuelle permet à la biomasse de se reconstituer. En clair, «cette durée est nécessaire et sa réduction peut menacer la pérennité de certaines espèces», avertissent des experts selon lesquels, pour préserver les stocks de poisson, il faut éviter de pêcher les femelles grainées (en phase de pré-ponte) et d'assurer la survie des alevins en évitant de les pêcher. Mais les femelles grainées et les alevins qui se concentrent près du littoral sont ramenés dans les filets des sardiniers. Un constat d'autant plus alarmant puisque perceptible dans presque tous les ports de pêche.Ce qui revient à dire que nombre de ces patrons de pêche font fi de la réglementation relative à la limitation de la taille minimale des mailles des filets. Des filets ramenés à quai regorgeant d'alevins. Pratique qui va persister en l'absence de contrôle du niveau de pêche et du régime d'exploitation appliqué au stock de chaque embarcation à son retour de sortie en mer. Et pourtant, une cellule nationale de suivi et de contrôle de la réglementation en vigueur a été installée par le ministère de la Pêche. C'est à se demander si cette structure existe réellement. Z. A. L'indemnisation des pêcheurs introduite dans le projet de loi de finances 2012 L'idée de mettre en place une formule d'indemnisation des professionnels qui subissent des arrêts de travail durant la période du repos pélagique a été retenue et introduite dans le projet de loi des finances 2012. Un tel dispositif, s'il venait à être adopté, pourrait enfin libérer les marins pêcheurs de l'angoisse de ne pouvoir enregistrer de revenus durant les quatre mois d'interdiction de pêche. La mesure contribuera également à diminuer les cas de non-respect du repos pélagique.