Photo : S. Zoheir Par Karima Mokrani Etonnant ! Personne n'est devant le guichet de dépôt des dossiers pour les visas du Hadj 2011, à la rue Dr Saâdane à Alger. Un homme, un septuagénaire, regarde autour de lui, une deuxième et une troisième fois. C'est bien vrai, il n'y a personne. La voie est entièrement libre. Trois employés du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales sont sur place. Ils l'invitent à aller vers eux. Aussitôt arrivé, aussitôt le dossier déposé et l'homme ressort satisfait. Le préposé au guichet lui dit de revenir dans une semaine pour récupérer son visa et son passeport. C'était hier, à l'occasion du lancement de l'opération de dépôt des dossiers de visa pour les 36 000 pèlerins devant se rendre, cette année, aux Lieux Saints en Arabie saoudite. L'opération commence bien, très bien même. «Ça n'a pas duré plus de dix minutes. C'est vraiment formidable», rapporte une femme, la soixantaine. Pas de files d'attente, pas de bousculades… et pas de stress, sinon de pression sur les employés du département de Dahou Ould Kablia. Tant mieux alors, pourvu que cela dure. Ce n'est pas évident. «C'est peut-être parce que les gens ne sont pas encore informés du début de l'opération…», affirme un homme. «Il faut revenir les derniers jours de l'opération…», lancera un autre pour dire, sur un ton d'indignation, que les Algériens, en majorité, aiment attendre la dernière minute pour accomplir une tâche.Une chose est sûre, c'est que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales est au rendez-vous de l'événement, mettant les moyens matériels et humains nécessaires pour sa réussite. Le dossier à fournir, indique ses représentants, est composé des pièces suivantes : le passeport international en cours de validité, le livret spécial Hadj 2011, la copie du reçu de versement du pécule spécial Hadj 2011, deux photos d'identité sur fond blanc et un acte de mariage ou tout document d'état civil attestant de la qualité d'accompagnement (mahram) pour la femme âgée de moins de 46 ans. Rencontré à la sortie de l'espace réservé à cette opération, un autre homme, septuagénaire aussi, confie que c'est pour la seconde fois qu'il accomplira ce cinquième rite de l'Islam. C'est parce que sa femme y ira aussi. «En 2008, j'ai payé 19 millions de centimes, en plus du prix du billet d'avion. Cette année, ce sera deux fois 22 millions de centimes pour le Hadj et deux fois 10 millions de centimes pour les billets d'avion». Pour lui, l'argent importe peu : «L'essentiel est que nous accomplissions notre devoir dans de bonnes conditions». Par conditions, il entend parler de la prise en charge en matière d'hébergement et de restauration. Chaque année, de grands problèmes sont signalés en la matière, causant de nombreux désagréments aux pèlerins eux-mêmes, à leurs familles mais aussi aux services du ministère des Affaires religieuses, à leur tête l'Office national du hadj et de la omra. Ce dernier rejette toute la responsabilité sur les agences de voyages, traitant certaines d'entre elles de «mercantiles», de «parasites qui en font leur fonds de commerce», menaçant de les poursuivre en justice. Des menaces qui reviennent chaque fois que l'opération trébuche et cela est arrivé plusieurs fois sans que les agences soient sanctionnées. Les deux saisons du Hadj et de Omra 2009 et 2010 étaient particulièrement décevantes.Malgré cela, le ministre Bouabdallah Ghoulamallah continue de considérer les agences privées comme partenaires majeurs dans l'opération. A nouveau, il les sollicite pour les besoins de la mission. Intervenant dernièrement sur les ondes de la radio, le représentant du gouvernement a réitéré son appel aux agences de voyage privées pour participer activement à l'organisation de la saison du Hadj 2011. «Cette année sera ouverte à toutes les agences de voyages qui seront tenues au respect des cahiers des charges», a-t-il affirmé.