Le prix du pétrole a fortement baissé hier. Le baril a abandonné plus de quatre dollars hier sur le marché européen, victime à la fois de la remontée du dollar et des inquiétudes suscitées par les derniers développements de la crise financière. A Londres, le baril de pétrole brent pour livraison en novembre reculait de 3,39 dollars à 103,50 dollars en milieu de matinée, après une brève incursion sous la barre des 100 dollars en début d'échanges, où il est tombé jusqu'à 99,51 dollars. A New York, le prix du baril de «light sweet crude» pour livraison en novembre perdait 3,29 dollars à 100,25 dollars le baril. Cette baisse s'explique par les craintes sur la demande amplifiées par l'extension de la crise américaine à l'Europe et le départ des investisseurs du marché pétrolier. Finalement, l'accord annoncé au Congrès américain concernant le plan de sauvetage des banques n'a pas réussi à réinstaurer le climat de confiance espéré. Les analyses l'ont d'ailleurs souligné. De leur avis, les perspectives de consommation mondiale de pétrole se sont encore assombries hier, quand le marché a pris conscience que la crise financière américaine menaçait désormais le cœur de l'Europe, conduisant à la nationalisation de plusieurs banques. Par ailleurs, la valeur du dollar pesait également sur les prix hier. Le dollar a gagné plus de 1% face à l'euro, autour de 1,4345, profitant des derniers rebondissements de la crise financière en Europe vers 10h00 GMT, l'euro cédait nettement du terrain face au billet vert, à 1,4357 dollar contre 1,4613 dollar vendredi vers 21h00 GMT. L'inquiétude quant à la poursuite de cette baisse des prix pour le pétrole et pour les autres matières premières s'annonce dans la durée. «Du point de vue du marché des matières premières, l'inquiétude la plus pressante porte sur l'ampleur de la propagation du virus américain au monde entier et plus particulièrement à la Chine», écrit à ce sujet Deutsche Bank dans une note d'analyse. «Nous nous attendons à ce que la peur d'une baisse de la demande persiste début 2009 et pèse sur les cours de nombreuses matières premières.» Harry Tchilinguirian, analyste spécialisé de BNP Paribas, cité par les agences de presse, estime pour sa part que les incertitudes sur l'offre assurent au baril un plancher autour de 100 dollars mais que le contexte économique est défavorable pour le trimestre en cours et que le prochain est susceptible de limiter d'éventuels rebonds. R. E.