Le baril de pétrole a abandonné plus de quatre dollars hier sur le marché européen, victime à la fois de remontée du dollar et des inquiétudes suscitées par les derniers développements de la crise financière.En effet, au terme d'une semaine d'âpres négociations, les chefs de file du Congrès et l'administration du président George W. Bush sont tombés d'accord dimanche sur les dispositions du plan de 700 milliards de dollars destinés à renflouer les banques. Cependant, le plan Paulson, dont une version amendée a été adoptée hier à la suite du compromis auxquels sont parvenus le gouvernement et les députés US, n'a pas suffit à tempérer le ralentissement économique attendu. Reflétant une baisse de la demande de pétrole, notamment de la part des Etats-Unis qui demeurent le premier consommateur mondial, les cours du pétrole chutaient de quatre dollars lundi matin, le Brent ayant même fait une incursion sous les 100 dollars, alors que les craintes sur la demande grandissent face à la crise financière en Europe et que les investisseurs délaissent le marché pétrolier. Vers 10H00 GMT, le prix du baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre perdait 3,29 dollars à 100,25 dollars le baril, après avoir terminé à 106,89 dollars vendredi à New York. A la même heure, le baril de pétrole Brent pour livraison en novembre reculait de 3,39 dollars à 103,50 dollars, après une brève incursion sous la barre des 100 dollars en début d'échanges, où il est tombé jusqu'à 99,51 dollars. Ainsi et malgré l'accord, "de nombreuses inquiétudes persistent sur la profondeur et la longueur de l'impact économique de la crise financière. Ces inquiétudes vont peser sur les prix", a commenté Victo Shum, analyste chez Purvin and Gertz à Singapour. Dans ce contexte de grande frilosité et de rapatriement en urgence de capitaux, le départ des investisseurs du marché pétrolier se poursuit. "Les flux financiers montrent que les indices de matières premières refluent et que les grands fonds se tiennent à l'écart du pétrole", a rapporté ainsi Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. "Les participants quittent en ce moment l'arène du pétrole", résume-t-il. Pour Jonathan Kornafel, directeur Asie de Hudson Capital Energy à Singapour, deux facteurs sont en jeu en ce moment. "Le premier, c'est l'effet à court terme du rally du dollar américain, le second, les préoccupations actuelles sur la demande aux Etats-Unis et ailleurs". "Nous nous attendons à ce que la peur d'une baisse de la demande persiste début 2009 et pèse sur les cours de nombreuses matières premières". Harry Tchilinguirian, analyste spécialisé de BNP Paribas, estime pour sa part que les incertitudes sur l'offre assurent au baril un plancher autour de 100 dollars mais que le contexte économique défavorable pour le trimestre en cours et que le prochain est susceptible de limiter d'éventuels rebonds.