Dès l'entrée, le nombre d'enfants au 16e Salon international du livre d'Alger (Sila 2011) vous saute aux yeux. Ils sont là à courir guillerets dans les grands espaces du parking où se dressent les chapiteaux du salon ou alentour des tables dressées sur les terrasses des nombreuses buvettes qui proposent boissons et sandwichs. A l'intérieur du chapiteau, éclairé à giorno par de puissants projecteurs, ce qui fait grimper un peu plus la température déjà bien élevée, les enfants sont plus ronchonnant. Ils ont les yeux partout et voudraient prendre tous les livres qu'ils voient. Mais les parents, pour la plupart, ne peuvent pas satisfaire toutes les envies des gosses. Il y a des priorités : les livres scolaires et parascolaires. Les contes, albums de coloriage et livres éducatifs sont, eux, soumis aux calculs du budget familial, qui peuvent donc les faire passer à la trappe. Ça ne sera évidemment pas du goût des enfants, qui ne comprennent pas qu'on puisse leur refuser ces beaux petits livrets qui racontent de belles histoires, surtout que les stands proposant des livres pour enfants sont nombreux.Mais, au Sila 2011, en ce qui concerne la lecture pour enfant, quantité ne rime pas avec qualité. Il est vrai que là où on se tourne, quel que soit l'endroit où on se trouve sous le chapiteau, il y aura toujours un stand qui, s'il ne se destine pas exclusivement aux enfants, leur réserve au moins un espace. Cependant, ces stands sont tenus par des «commerciaux» dont le seul souci est de réaliser des bons chiffres de ventes. Il n'y a pas le moindre espace de lecture, pas l'ombre d'un conteur ni le plus modeste atelier d'écriture ou de jeux éducatifs dans aucun des stands qui ciblent les enfants. L'animation est complètement absente. Rien n'est fait pour éveiller le petit lecteur qui sommeillerait chez l'enfant et convaincrait les parents sceptiques de l'utilité de la lecture.Pourtant, tout le monde connaît l'influence d'un conteur ou d'un animateur sur le jeune public qui fait ronde autour de lui. Quel enfant refuserait d'acheter et de lire le livre que celui qui l'a captivé avec une belle histoire lui conseille ? Quel enfant refuserait d'acheter et de lire un conte après s'être essayé à la création et l'écriture ou à l'illustration d'une histoire dans un atelier d'écriture et d'animation ? Et, surtout, quel père, ou quelle mère, refuserait au petit, dont on vient de découvrir avec ravissement le «chef-d'œuvre» que son imagination a produit, un livre qui nourrirait sa créativité ?Ces «promoteurs» de la lecture sont tout aussi importants que les livres eux-mêmes. De plus, même si on raisonne en termes purement commerciaux, c'est un bon «investissement» que l'éditeur peut amortir. Car, en encourageant la lecture, ils promeuvent le livre et dopent donc les ventes. Dès lors, considérant ce rapportgagant-gagant, une question s'impose : pourquoi les maisons d'éditions spécialisées dans le livre Enfant refusent-elles de consentir un rien de leur investissement à sa promotion, alors qu'elles ont tout à y gagner ? La seule réponse serait le manque de vision et de professionnalisme qui fait qu'on se contente de «soigner» tant qu'on peut le produit pour qu'il se vende bien. Le savoir-faire se limite ainsi à la fabrication et la vente du livre, sans plus. Les yaourts, boissons et autres produits de consommation bénéficient d'une meilleure promotion et publicité… Tout commentaire serait de trop. H. G.