Après les paroles, les actes. L'Algérie, qui a décidé d'officialiser ses relations avec le CNT, a annoncé hier par la voix de son ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, la formation prochaine de commissions de travail qui se pencheront sur plusieurs dossiers. «Il n'y a pas de doute que la décision du gouvernement algérien de travailler étroitement avec les nouvelles autorités libyennes afin d'asseoir une coopération bilatérale féconde, va permettre aux deux pays de travailler ensemble d'une manière plus franche car, jusqu'à présent, nous n'avions que des contacts à caractère officieux et discontinus», a expliqué le chef de la diplomatie algérienne, cité par l'APS, annonçant : «Nous sommes convenus avec nos frères libyens de composer des équipes qui vont travailler sur différents dossiers.» Le ministre a expliqué qu'il existe des défis «extrêmement importants» au vu de la situation en Libye. Tout d'abord, explique-t-il, «les Libyens sont placés devant des défis extrêmement importants dont celui de ramener la paix sur l'ensemble du territoire libyen et de constituer un gouvernement d'union nationale, représentatif et inclusif où tous les Libyens se reconnaîtront dans ce gouvernement». Il ajoute que «l'unité de la Libye est probablement la chose la plus sacrée qui soit, et les Libyens ont l'intention de consolider cette unité». A ce propos, l'Algérie «fera tout pour aider les Libyens dans cette voie et ce, sur la base du principe de la fraternité et de la solidarité avec les frères libyens», a-t-il assuré. Notons que le CNT, qui peine à former son gouvernement de transition, a annoncé hier que le gouvernement ne sera formé qu'après «la libération totale de la Libye». Mourad Medelci sera ensuite plus précis en déclarant : «Il reste que la Libye a été, en partie, détruite et que les services de sécurité ont été complètement déstabilisés à un moment où le besoin pour ces services se fait sentir d'une façon encore plus importante, compte tenu de la situation de désordre qui prévaut dans ce pays, et à laquelle devront s'atteler les Libyens dans le cadre du nouveau gouvernement». Et c'est pour l'ensemble de ces questions que l'Algérie a convenu avec le CNT de composer des commissions mixtes afin d'étudier ces différents dossiers. Des contacts sont prévus dans les prochains jours pour permettre d'organiser ce programme, a affirmé M. Mourad Medelci qui a eu l'occasion, en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU, de rencontrer à deux reprises le président du Conseil exécutif du CNT libyen, M. Mahmoud Jibril, et ce, lors de la Conférence des amis de la Libye, tenue le 20 septembre à New York, et une deuxième fois après que l'Algérie eut pris la décision de travailler «étroitement» avec les nouvelles autorités libyennes. Lors de ces deux rencontres, M. Jibril a exprimé sa «satisfaction» ainsi que celle des nouvelles autorités libyennes à Tripoli où l'ambassadeur algérien est «en contact» avec les autorités libyennes, a précisé M. Medelci. Questionné sur les dispositions qui ont été prises par les autorités algériennes suite aux déclarations de Aïcha Kadhafi à une chaîne de télévision arabe, que l'Algérie a considérées comme «inacceptables», le ministre a tenu à souligner qu'en accueillant des membres de la famille de Mouammar Kadhafi pour des raisons «strictement humanitaires», l'Algérie était loin de penser que parmi eux, «il se trouverait quelqu'un pour faire de la politique» à partir de son territoire. «C'était très mal venu et c'était surprenant pour nous», a-t-il affirmé. «Mais à partir du moment où cela a été fait, un dispositif a été mis en place pour mettre devant leurs responsabilités des gens que nous avons accueillis et faire en sorte que ce genre de situation ne se reproduise pas», a-t-il indiqué. Selon M. Medelci, «il est clair que ce message a été porté à l'attention de Aïcha et les autres membres de sa famille pour qu'ils respectent, désormais, leur statut d'invités en Algérie et qu'ils s'écartent complètement de toute action politique. Et le message est bien passé aux intéressés». A la question de savoir quelle décision prendrait l'Algérie si l'un de ces membres de la famille Kadhafi continuait à ne pas respecter ces obligations, le ministre a répondu qu' «à chaque fois que nous sommes placés devant des situations qui nous obligent à mettre en œuvre des dispositions du Conseil de sécurité, nous le ferons sans hésiter». H. Y.