C'est du haut des «tréteaux» d'une salle Atlas rénovée et pleine à craquer que Louisa Hanoune a annoncé hier officiellement sa candidature à l'élection présidentielle du 9 avril, à l'occasion de la rencontre nationale des responsables des bureaux de wilaya du Parti des travailleurs (PT). Ils étaient plus de 3000 militants et cadres du parti venus des 48 wilayas du pays assister à l'«évènement historique». L'entrée en scène de la pasionaria Hanoune a provoqué une vive émotion au sein des présents qui l'ont accueillie avec des youyous et autres slogans, tel «Hanoune présidente». Une véritable standing ovation. La décision de participation à l'élection a été prise, dira le chargé de la communication du parti, Djelloul Djoudi, avant de laisser la parole à la candidate pour étaler les grands axes de son programme, «après un long débat démocratique au sein du comité central demeuré ouvert depuis le 9 janvier jusqu'au 19 février. Nous avons décidé de participer à l'élection avec Louisa Hanoune comme candidate». Prenant la parole sous des applaudissements nourris, Louisa Hanoune dira d'emblée : «Le PT m'a chargé d'une lourde mission, d'une lourde responsabilité.» Elle se félicitera dans ce sillage de la confiance placée en elle par 141 000 citoyens et 980 élus du peuple, avant d'annoncer le slogan de sa candidature : «La souveraineté nationale garantie par la souveraineté populaire». Ce qui implique pour la candidate la résorption du fossé existantentre le peuple et les institutions de l'Etat. «Pour une République une est indivisible», «Pour recouvrir l'entière souveraineté nationale», «Pour le respect du droit à la grève» ou encore «Pour une assemblée constituante souveraine", tels sont entre autres les slogans-thèmes accrochés dans la salle sur lesquels s'est penchée plus longuement durant son discours la candidate qui, encouragée par les youyous et les applaudissements venant des quatre coins de la salle, dira : «Nous sommes prêts à relever les défis, y compris celui de la direction du pays.» Pour elle, volonté populaire traduit «une profonde aspiration à un changement radical dans le pays afin de garantir les droits et les libertés». Sa candidature, a-t-elle estimé, a pour but de rendre l'espoir au peuple et concrétiser son rêve. «Y a-t-il meilleur moyen politique que la participation à l'élection présidentielle ?», s'est-elle interrogée pour justifier la position du PT et par là même fustiger à demi-mot les partisans du boycott. Les paris de la candidate Dressant un tableau peu reluisant de la situation économique et sociale du pays, Louisa Hanoune a réitéré les leitmotivs de son programme électoral, celui du parti donc, notamment en matière économique et politique. Sur le plan économique d'abord, Louisa Hanoune, opposante invétérée de la privatisation à outrance, défend le secteur public, dont elle demande la réouverture des entreprises fermées, et qu'il faut, selon elle, préserver, car il y va de la souveraineté nationale. Elle propose dans ce sens rien moins que le gel des négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et la révision de tous les accords d'association, notamment celui d'avec l'UE. Elle rappellera également qu'elle n'a reçu aucune réponse de la part du président de la République à la lettre qu'elle lui a adressée portant sur ses doléances, mais reconnaît cependant que les récentes décisions de l'Etat, telles celle de payer les arriérés de salaire de plus de 21 000 travailleurs ou encore celle de relever l'AFS à 3000 DA, sont des mesures encourageantes qui font partie du programme de son parti. «Quand il y a volonté politique, les solutions existent», a-t-elle commenté. Sur le plan politique, la candidate du PT est favorable à une Assemblée constituante qui entraînera, selon elle, «la reformulation de la Constitution» pour concrétiser la souveraineté du peuple, qui doit pouvoir, a-t-elle encore suggéré, retirer la confiance à ses représentants, même au président de la République. Elle propose par ailleurs à ce que le droit du vote soit ramené à 16 ans. Evoquant la bipolarité du pouvoir, elle dira : «Un Président ne peut pas décider s'il ne s'appuie pas sur des institutions démocratiques», précisant que les Assemblées (APN et Conseil de la nation) actuelles ne sont pas crédibles. Sur le plan social, la représentante du PT évoquera entre autres l'effacement de la dette des agriculteurs, la lutte contre la précarité et le chômage. Approfondir le processus de la paix S'agissant de l'aspect sécuritaire, Louisa Hanoune est pour l'approfondissement du processus de paix et de la réconciliation nationale prôné par le président de la République. Elle estimera dans ce sens qu'il faut désormais ouvrir les dossiers y afférents. Pour ce faire, il s'agit également, selon la candidate, d'ouvrir un large débat entre tous les Algériens. «Il faut tourner définitivement la page de la tragédie», a-t-elle avancé, «pour que ne se reproduise plus ce macabre scénario dans notre pays». Elle évoquera concernant la politique étrangère la poursuite par l'Etat algérien de son soutien indéfectible aux causes justes de par le monde telle la cause palestinienne.