Le ralentissement de la croissance économique risque de peser lourd sur le marché pétrolier. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n'a pas manqué d'afficher son inquiétude par rapport à cette situation. L'organisation, qui maintient ses prévisions de demande de brut pour 2011 et 2012, a en effet souligné, hier dans son rapport mensuel, les incertitudes liées aux difficultés économiques en Europe et en Amérique du Nord. «Malgré l'arrivée de l'hiver, la demande de brut dans les pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) devrait reculer de nouveau à la suite d'un ralentissement de la croissance économique, notamment dans l'Union européenne», a relevé l'OPEP, qui note aussi que l'économie stagne de l'autre côté de l'Atlantique. Le léger recul de la demande, en Chine aussi, est compensé par un usage plus important du pétrole dans les autres pays hors OCDE. Pour l'année prochaine, l'OPEP mise tout de même sur une demande de 89,01 mbj, un chiffre inchangé depuis son dernier rapport. Cette demande devrait surtout provenir, selon la même source, des pays émergents et être portée par les secteurs de l'industrie - la pétrochimie notamment - et des transports«Toutefois, les incertitudes dans les prévisions pour l'économie mondiale dans l'année à venir ont augmenté à cause des défis qui se posent aux pays de l'OCDE», a souligné l'organisation. Les prévisions pour 2012 reposent, faut-il le noter, sur l'hypothèse d'une progression de la croissance mondiale, des prix élevés des produits pétroliers et une économie chinoise forte. «De plus mauvais résultats de l'économie américaine ainsi qu'une hausse du prix du brut pourraient réduire la demande mondiale de brut de 0,2 mbj», a mis en garde l'organisation. Du côté de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'on estime que la demande mondiale de pétrole devrait continuer à croître de 14% d'ici à 2035. Cette demande sera tirée, selon les mêmes prévisions, par les pays émergents, alors que le prix du brut devrait grimper à 120 dollars le baril. Et ce, en dépit des incertitudes sur la croissance mondiale.Dans son rapport annuel, l'Agence s'attend à ce que la demande de pétrole atteigne 99 millions de barils par jour (mbj) en 2035, soit 12 mbj de plus qu'en 2010. Cependant, un affaiblissement de la croissance mondiale à court terme aurait un effet «marginal» sur les tendances haussières de la consommation d'énergie à long terme, assure l'AIE. Concernant la production de pétrole (y compris le non conventionnel et le gaz naturel liquéfié), elle atteindrait 96 mbj en 2035, avec une part croissante du pétrole non conventionnel et du gaz liquéfié. La différence entre la demande et la production est compensée au stade du raffinage, explique l'AIE. La seule production de brut atteindrait 68 mbj, en deçà de son pic historique de 70 mbj enregistré en 2006, selon la même source qui prévoit, également, une forte dépendance des pays consommateurs de la production de pétrole des pays de l'OPEP, qui deviendront majoritaires, avec 51% de la production contre 47%. S. I.